Gouvernement : La plateforme s’arcboute au niet à toute discussion avec les autres loyalistes

Le ton monte encore entre les plateformistes, dont le gouvernement expédie les affaires courantes depuis maintenant six semaines, et Les Républicains calédoniens, que Philippe Michel accuse de « chantage » aux institutions. Le vote du budget 2018 serait compromis, dit-il, et chacun va en pâtir. Tout ça pour un refus de discuter avec les élus du groupe de Sonia Backes !

Déjà trop tard pour le budget ! – Mercredi en conférence de presse, Philippe Michel, érigé en porte-parole des plateformistes, voulait envoyer du lourd. « Il est déjà trop tard pour un vote du budget de la Nouvelle-Calédonie au 31 décembre, et ce, pour la première fois depuis 27 ans ! », claironne le président Calédonie ensemble de la province Sud et de rejeter l’entière responsabilité aux « preneurs en otage du gouvernement ».

Mauvais argument. – Un argument rigoureusement faux, puisque le Congrès pourrait présenter le budget aux élus, en lieu et place du gouvernement : une procédure certainement pas moins démocratique que la pratique habituelle ! Mais tout en brandissant cet argument qu’il pense « massue », Philippe Michel a d’emblée fermé la porte à toute discussion avec Les Républicains calédoniens : « Hors de question ! », claque-t-il.

Devancés sur le coup… – Sûrs de la véhémence de Philippe Michel, les élus du groupe de Sonia Backes avaient devancé le mouvement, la veille par voie de communiqué : « Pour rappel, nous avons fait trois propositions pour qu’un président puisse être élu :

– que la plateforme accepte une réunion pour discuter ensemble des orientations du gouvernement. Nous ne demandons aucun poste, aucun avantage, aucun secteur, précise le texte ;

– que la plateforme décide de s’engager sur une feuille de route gouvernementale ;

– que la plateforme présente un nouveau candidat, plus consensuel en la personne de Bernard Deladrière. »

Six voix sur onze récusent Germain. – Le communiqué des Républicains calédoniens terminait sur une note d’espoir, cependant : « Si la plateforme venait à accepter l’une de ces propositions, le gouvernement de la Nouvelle- Calédonie deviendrait ainsi de plein exercice. » Mais aussi sur une petite précision, qui mérite d’être soulignée : « Il est important de rappeler que ce n’est pas un membre qui ne souhaite pas voter pour Philippe Germain, mais bien six sur onze ».

« Dramatisation à outrance ». – La dernière passe d’armes de la semaine finit donc sur un statu quo et relève d’une volonté de « dramatisation à outrance » de la part de la plateforme, selon les termes de Sonia Backes. Alors, précise-t-elle que ses membres « ont la clef » pour sortir de cette impasse. Laquelle ? Réponse : « Simplement en acceptant de nous parler ! » Pas sorcier, non ?

Nouvelle tentative, mardi prochain. – De son côté, le haut-commissaire de la République, Thierry Lataste, a décidé de convoquer les membres du gouvernement pour une troisième tentative d’élection du président, mardi 24 octobre. Concrètement, la plateforme espère, dans le laps de temps, convaincre encore une fois, les indépendantistes de jouer les arbitres et de voter pour le maintien de Philippe Germain dans son fauteuil de président. Jusqu’à présent les séquelles laissées par les dernières élections l’empêchaient : ont-ils de nouveaux arguments à faire valoir aux indépendantistes ? Ce qui est sûr, c’est que l’État fera tout pour qu’un président du gouvernement de plein exercice s’assoie à la table du Comité des signataires…

M.Sp.