Gouvernement cherche majorité

Le vote de défiance du Congrès à l’égard du président Germain autour de la création de l’Autorité de la concurrence relance les discussions en coulisses sur le renouvellement du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Première certitude. – Avec la démission de Philippe Dunoyer, qui a choisi son mandat de député (tout comme Philippe Gomès l’avait fait avant lui), le compte à rebours a commencé. L’exécutif calédonien dispose grosso modo jusqu’à la première semaine de septembre pour se renouveler, selon une répartition plus conforme au nouveau paysage politique issu des législatives.

L’autre certitude. – C’est que les plateformistes (Calédonie ensemble, Rassemblement et MPC) ne disposent pas seuls d’une majorité au Congrès. Le parti gomésien, qui s’est appuyé sur une majorité de circonstance trouvée avec l’Uni-Palika et parfois l’UC pendant toute la première moitié de la mandature, ne doit plus tabler dessus. Pendant trois années, les indépendantistes ont soutenu et voté tous les textes préfigurant l’Autorité de la concurrence. Quand arrive enfin sa création, tous votent contre. Par défiance envers Calédonie ensemble et ses nouveaux alliés.

Le FLNKS traumatisé. – Plus grave encore, le bureau politique du FLNKS a fait savoir mardi qu’il était toujours « traumatisé » – le terme est fort mais répété ! – par les propos tenus par « certains, lors de la campagne législative ». Traduction : « la condescendance et le mépris, avec lesquels nous a traités le député Gomès », ne passent pas ! La lune de miel avec Calédonie ensemble semble bien loin et les indépendantistes promettent de ne plus « se laisser avoir de la sorte ». En clair, une réconciliation sur le mode « nous nous sommes tant aimés » n’est pas pour demain. Cette fois, le FLNKS ne votera pas en faveur d’un président loyaliste du gouvernement « pour débloquer la situation », comme il l’avait fait avec Philippe Germain en 2015.

Une majorité si… – Comment alors réélire un exécutif ? On comprend que Calédonie ensemble n’ait pas été pressé sur ce coup-là : préférant même voir Philippe Dunoyer cumuler les mandats plutôt que persister dans une impasse. Une projection du poids des groupes politiques au Congrès en nombre de membres d’un gouvernement à 11 donnerait aujourd’hui : côté indépendantiste, cinq élus (deux pour l’Uni-Palika ; trois pour l’Union calédonienne). Côté non-indépendantiste : six membres du gouvernement, mais cinq seulement pour la plateforme et un pour le nouveau groupe de Sonia Backes. Une voix qui vaudra son pesant de conditions pour faire élire un président loyaliste (qu’il s’agisse de Philippe Germain ou de quelqu’un d’autre) au gouvernement.

L’économie divise. – Déjà Les Républicains calédoniens ont fait savoir qu’une « révision de la loi antitrust, inadaptée à la Calédonie et pénalisante pour l’emploi », conditionnerait leur attitude au gouvernement. Reste que sur nombre de sujets économiques et sociaux le fossé est grand entre la droite républicaine et le parti de Philippe Gomès. Comme il l’était jadis entre le Rassemblement et Calédonie ensemble ! Or, c’est de la crise économique, du chômage, du matraquage fiscal et des faillites des petites entreprises que parlent les Calédoniens. Plus que des « combinaisons politiques » !

M.Sp.