Étude sur les raies manta : les usagers du lagon sollicités

L’initiative Manta en Nouvelle-Calédonie cherche à mobiliser les Calédoniens dans le cadre de son travail en faveur de la connaissance et de la conservation des raies manta sur le territoire.

À l’heure où ces espèces emblématiques et patrimoniales encore mal connues sont menacées dans le reste du monde et particulièrement en Asie du Sud-Est, les ONG Conservation International Nouvelle- Calédonie, The Manta Trust et l’Aquarium des lagons ont lancé en 2016 l’initiative Manta en Nouvelle-Calédonie, le territoire présentant un espace marin particulièrement sain pour ces espèces. Le projet est basé sur la recherche scientifique qui doit permettre de connaître les caractéristiques biologiques des populations de raies et sur une approche collaborative.

Un travail méticuleux

Trois méthodes ont été choisies dans cette optique à commencer par la photo identification. Il s’agit là de construire une base de données représentant les motifs situés sur le ventre des animaux, des motifs uniques et qui restent inchangés tout au long de leur vie. À ce jour, plus de 180 raies manta ont été identifiées sur différents sites de Nouméa, Touho, Ouvéa, et au fil du temps, cette collecte permettra d’estimer le nombre d’animaux dans la région, ainsi que les proportions de raies adultes/jeunes, mâles/ femelles et noires, blanches. Elle pourra même informer sur celles qui sont en cours de gestation ou celles qui ont été attaquées par un requin.

La deuxième option est l’utilisation des marquages satellites, un outil qui permet d’étudier les mouvements et l’écologie spatiale des raies, de comprendre leurs mouvements à une échelle plus précise et dans un espace « tridimensionnel » (eaux profondes, peu profondes). Pour l’instant, huit balises satellites ont été déployées, sept sur Nouméa et une à Ouvéa. Ces marquages doivent être déployés sur des points stratégiques du territoire et indiqueront à terme comment les raies utilisent les habitants marins de Nouvelle-Calédonie et également si elles migrent vers d’autres localités de la région Pacifique Sud.

Enfin, la troisième méthode, qui n’a pas encore été utilisée, consiste en une étude génétique par prélèvements d’échantillons de peau. Ces biopsies doivent être réalisées sur plusieurs spécimens noirs et blancs, des mâles et des femelles en plusieurs endroits. Les analyses fourniront des informations concrètes sur la connexion et l’isolement des raies avec les autres populations de la région comme les raies manta d’Australie, du Vanuatu, de Fidji et de la Polynésie française. Et elles permettront plus largement de déterminer la viabilité de la population et leur potentielle résistance face à des changements environnementaux comme le réchauffement climatique.

Chacun peut participer

Afin de construire une base de données la plus complète possible, l’initiative Manta en Nouvelle-Calédonie en appelle aux professionnels du lagon et au public. Toutes les photos présentant les taches de la face ventrale des animaux peuvent apporter des informations essentielles et ce, « peu importe quand et où elles ont été prises ». Photos et vidéos peuvent être envoyées à cette adresse mantanc@aquarium.nc. Toutes les informations sur la raie seront renvoyées et si le spécimen est inconnu, il vous sera même possible de le nommer…

C.M./Initiative Manta