Enercal présente une étude sur les énergies marines

Dans le cadre de son schéma de transition énergétique, la Nouvelle-Calédonie souhaite tendre vers davantage d’indépendance énergétique. Afin de diversifier le mix énergétique pour tendre vers cet objectif, Enercal a financé une étude sur les potentiels des énergies marines renouvelables. S’ils sont réels, il existe encore de nombreux verrous technologiques empêchant le développement de ces techniques.

Les énergies renouvelables sont en plein boom en Nouvelle- Calédonie. Il y a encore quelques années, la production électrique issue d’énergie renouvelable était pourtant plus qu’anecdotique. Son essor est aujourd’hui extrêmement rapide, favorisé notamment par l’évolution du cadre réglementaire. Après un bon départ de l’éolien, c’est toutefois le solaire qui semble rafler la mise. La presque totalité des projets actuels concerne cette technologie qui connaît des évolutions profondes et rapides. Enercal, qui assure la gestion du réseau électrique, souhaite éviter que toute l’attention se focalise sur une technologie en particulier et a présenté, mercredi, une étude sur les potentiels des énergies marines renouvelables (EMR). Pour Jean-Michel Deveza, le directeur général d’Enercal et président d’Enercal Énergies nouvelles, la mer o re un potentiel très intéressant même si pour beaucoup de technologies, la mise en œuvre relève encore du défi .

Mesurer les potentiels existants

L’étude a été réalisée par Creocean, société spécialisée dans l’environnement et l’océanographie, et pilotée par Nicolas Cazé, le directeur technique d’Enercal Énergies nouvelles. L’idée était de passer en revue l’ensemble des technologies existantes et de mesurer pour chacune les potentiels existants. De façon générale, elles n’ont pas encore atteint leur maturité. Autrement dit, elles sont pour la plupart en phase de recherche ou de démonstration. On est donc encore loin des technologies bien maîtrisées sur lesquelles les ingénieurs disposent d’un recul important. C’est le cas de toutes sauf l’éolien offshore, qui est déjà largement répandu, en particulier dans les pays d’Europe du Nord qui en « cultivent » des champs entiers. Ces technologies, au début de leur développement, sont également encore peu exploitables du point de vue économique. La grande problématique des EMR étant l’environnement marin, plutôt hostile pour les machines et nécessitant une maintenance parfois complexe et souvent coûteuse.

Mais comme le souligne Jean-Michel Deveza, l’idée de cette étude était avant tout de montrer qu’il existait des potentiels et pas nécessairement qu’ils soient exploitables tout de suite. D’après Lionel Loubersac, le représentant de Creocean en Nouvelle- Calédonie, le développement concret d’EMR pourrait intervenir dans les dix ans avec les évolutions technologiques. Une position peut-être optimiste si l’on tient compte des délais constatés pour qu’une technologie arrive en Nouvelle-Calédonie. C’est le cas de la voiture électrique, par exemple, et ce sera très probablement le cas des EMR. En Polynésie, l’étude présentée par Enercal a été réalisée dès 2011 et déjà plusieurs hôtels assurent leur climatisation grâce aux eaux froides pompées sous la surface de la mer. L’hôpital de Papeete sera également bientôt équipé de cette technologie, qui présente l’avantage de fonctionner en continu et de faire ressortir de l’eau très pure qui est utilisée dans l’aquaculture à Hawaï.

Des projets mais probablement pas tout de suite

Si l’étude montre que la Nouvelle-Calédonie dispose de sites potentiels adaptés à certaines technologies, ils restent encore à a ner et il faudra surtout trouver des promoteurs souhaitant les exploiter. À court terme, le Swac (pour Sea Water Air Conditioning ou air conditionné à l’eau de mer) pourrait très bien voir le jour dans des projets hôteliers des îles, mais, comme le souligne Lionel Loubersac, il faut l’envisager dès la conception du projet. À Deva, l’idée a été avancée, mais trop tardivement. L’étude a cette ambition de sensibiliser les porteurs de projets aux différentes techniques existantes, même si elles ne sont pas encore mises en œuvre sur le territoire. L’étude sera di usée dans son intégralité le plus largement possible et une synthèse devrait déjà être en ligne sur le site d’Enercal pour le grand public. De manière générale, elle montre un potentiel toutefois assez limité qui permet surtout le développement de petits projets liés à des structures, en particulier en brousse et dans les îles. Ils seraient de fait parfaitement adaptés à des hôtels voire de petites unités de production éloignées des réseaux comme des bassins d’aquaculture.

• L’énergie marémotrice

Les études ont tourné court du fait du manque de marnage, ou de hauteur de marée, en Nouvelle-Calédonie. De fait, il n’existe pas de potentiel pour ce type de production électrique.

• L’énergie hydrolienne

Les hydroliennes sont des éoliennes qui ne fonctionnent pas avec le vent, mais avec les courants marins. L’hydrolienne nécessite donc de forts courants marins et, selon les données assez parcellaires dont on dispose, il existe relativement peu de zones propices. Il conviendrait de mener des études complémentaires vers Bélep et au niveau des passes de la Sarcelle et de la Havannah. Si les données actuelles laissent à penser qu’il n’y a pas de potentiel sur la côte Ouest, l’expérience des marins dit tout autre chose. Il faudrait également procéder à des études complémentaires pour le vérifier. Mais de manière générale, l’immersion de ces hydroliennes rend la maintenance difficile et coûteuse .

• L’énergie houlomotrice

Il existe une zone potentielle, au sud de Maré et surtout au sud de la Grande Terre. Pour le sud, l’éloignement des côtes entre 30 et 100 km de l’île de Pins y rend pratiquement impossible la mise en œuvre de ce type projet.

• Le Swac

Le Swac ou air conditionné à l’eau de mer est une technologie qui fonctionne déjà dans plusieurs endroits et notamment en Polynésie. Il existe des zones potentielles à Bourail, mais également sur la côte Est, à Touho et au nord de Hienghène. Les îles sont également concernées en plusieurs points, dont le nord de Lifou, à la pointe ouest et au sud. Pour Maré, les zones intéressantes se trouvent à la pointe sud-ouest et enfin, à Ouvéa, le sud, l’est et le nord pourraient potentiellement être concernés.

• L’énergie thermique des mers

Cette technologie permet de créer de l’électricité en utilisant la différence de température entre les eaux de surface et les eaux froides profondes. D’une manière générale, ce type de technologie, de par son dimensionnement, paraît peu adapté à la Nouvelle-Calédonie. Des zones ont toutefois été identi ées sur la côte nord-ouest, entre Koné et Koumac, ainsi que sur Maré et Lifou. Ces zones restent néanmoins à confirmer.

• Les éoliennes en mer

Contrairement aux autres EMR, cette technologie fonctionne et, contrairement à l’éolien classique intermittent, est assez stable. Il serait possible dans le lagon Nord, mais pas vraiment dans le lagon Sud, ni aux îles Loyauté. La seule difficulté serait d’adapter les appareils aux conditions cycloniques.

M.D