Encore une fuite à Vale

La fédération d’associations Ensemble pour la planète a récemment diffusé un communiqué dénonçant des fuites répétées de carburant à l’usine du Sud. Des manquements qui, selon EPLP, illustrent des dysfonctionnements persistants et le manque d’autorité des pouvoirs publics.

On est loin de la catastrophique fuite d’acide qui avait ravagé le creek de la baie Nord en 2014, mais tout de même. Le collectif d’associations Ensemble pour la planète dénonce d’importantes fuites de carburant à différents endroits du site industriel et ce, depuis plusieurs années. Et la révélation de l’affaire est due à un concours de circonstances plutôt cocasse.

Comme le rappelle EPLP, Vale effectue deux suivis de son impact sur l’environnement. Le premier est réglementaire, fixé dans le cadre des installations classées pour la protection de l’environnement, et les résultats doivent être transmis. Le second est volontaire, à l’initiative de Vale. Si l’industriel a réduit ces surveillances volontaires, il continue à effectuer des observations dont les résultats ne sont pas systématiquement transmis à l’Œil. On aurait presque envie de dire par manque de chance, Vale a transmis des données d’un suivi volontaire des eaux souterraines de la mine. Et les résultats n’étaient pas bons. Nous vous en parlions d’ailleurs dans la présentation du bilan de l’année 2017 qui faisait apparaître la présence de sulfate dans les eaux souterraines.

Un incident pas vraiment anodin

Les données ont été envoyées à l’Œil en 2016, ce qui pose un problème puisque l’industriel est censé avertir la province Sud en cas d’anomalie. L’Œil, qui était encore sous la présidence de Martine Cornaille, a alors adressé un signalement à la province Sud qui, selon EPLP, ne donnera aucune suite. Un deuxième incident sera lui aussi passé sous silence. Dans la nuit du 8 au 9 septembre, une centaine de litres de carburant sont répandus dans la nature à proximité de la station de stockage.

Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Le 28 février 2018, des hydrocarbures sont détectés au niveau d’un piézomètre, un appareil qui permet de mesurer le niveau des eaux souterraines. Le 1er mars, Vale informe la Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie qui officie pour le compte de la province Sud sur ce type d’installation. Il faudra toutefois attendre quelques jours, le 5 mars, pour que l’utilisation de la cuve soit suspendue.

Afin de remettre les choses en ordre, Vale parle tout de même de décaisser près de 12 000 mètres cubes de terre souillée, jusqu’à 5,5 mètres de profondeur. Les chiffres avancés font état d’un pompage de 400 litres de gasoil. Selon EPLP, qui dispose de sources en interne, il s’agirait plutôt de 1 000 litres. Si Vale assure qu’aucune autre trace n’a été décelée, l’association enjoint la province d’imposer de nouveaux contrôles et d’autres expertises afin de vérifier les dires de l’industriel.

Les contrôles sont-ils suffisants ?

Autre élément étonnant suite à cet incident, l’installation de stockage de carburant a été déclarée non conforme aux prescriptions de l’arrêté d’autorisation d’exploiter délivré en octobre 2008, soit dix ans plus tard. EPLP s’interroge quant aux contrôles de la Dimenc, qui aurait dû, dès 2008, permettre de constater la non-conformité de l’installation. Ces révélations tombent à peine une semaine après le dernier comité local d’information, de concertation et de surveillance de l’usine du Sud. Un rendez-vous qui avait vocation à faire le point sur l’avancement du projet Lucy et à l’issue duquel Philippe Michel, le président de la province Sud, avait tenu une conférence de presse afin de souligner toute la préoccupation de la province pour l’environnement.

Le président de l’institution a notamment insisté sur l’intervention de la province pour que le plan de traitement des eaux soit plus contraignant que celui proposé par l’industriel et, de la même façon, que le dispositif de surveillance des impacts soit renforcé. Comme le relève EPLP, si les dispositifs de surveillance réglementaires étaient si contraignants, l’industriel aurait-il besoin de mettre en place des dispositifs de surveillance volontaires ?

M.D. ©M.Dosdane