Emploi des personnes en situation de handicap : il faut tenter le coup

Malgré l’adoption de la loi en 2009 qui oblige les entreprises et les employeurs publics de plus de 20 salariés à employer des travailleurs handicapés, il n’y a pas eu d’évolution favorable sur l’embauche. Le gouvernement lance une grande campagne de communication dont le ton est résolument positif.  

À l’affiche, à la radio, à la télé et dans les journaux vous verrez Emeline, René, Tomas, Alex et Pierre… des personnes en situation de handicap, mais surtout des employés de qualité. Ils sont méticuleux, polyvalents, attentionnés, disponibles ou bien créatifs. Voire tout à la fois.

L’exécutif, représenté par Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de la question, a souhaité que cette campagne destinée au grand public vise à communiquer de façon positive sur leurs atouts et non sur la notion d’obligation pour les entreprises. « Le but est de mettre en avant la valeur ajoutée que peuvent représenter les personnes handicapées pour un employeur », ajoute Isabelle Champmoreau.

Contribution plutôt qu’embauche

Pourtant le constat est là : les entreprises comme les institutions calédoniennes ne sont pas de très bonnes élèves pour l’emploi des personnes en situation de handicap.

Rappelons que la loi de 2009 oblige les entreprises et les employeurs publics qui ont dépassé le seuil des 20 salariés à employer des travailleurs handicapés selon un taux d’emploi fixé à 2,5 % de l’effectif total de l’entreprise.

Mais il existe des alternatives comme le paiement d’une contribution annuelle calculée en fonction du nombre de bénéficiaires manquants. Une contribution qui alimente un fonds dédié à la mise en place d’actions en matière d’insertion professionnelle (FIPH).

Selon les chiffres du gouvernement, en 2014, 300 salariés des entreprises privées et 100 agents de la fonction publique étaient déclarés pour les entreprises de plus de 20 salariés. Mais force est de constater que le monde du travail opte en majorité pour les contributions pécuniaires : près de 99 % dans le secteur privé, 94 % dans les institutions ou collectivités.

Autant dire que le FIPH est étoffé avec 335 millions de francs en 2014 pour le financement du régime handicap, l’aménagement de postes de travail, le financement des mesures d’insertion professionnelle, les opérations de communication.

Il n’y a pas donc vraiment eu d’évolution  « favorable » selon le gouvernement qui dit vouloir prendre ses responsabilités avec cette campagne et plus largement avec la réflexion engagée sur le schéma du handicap et de la dépendance qui doit rendre ses conclusions au second semestre 2016.

Accompagnement des entreprises 

Car au-delà du regard du grand public, c’est bien les entreprises et les salariés qu’il va falloir aider.

Selon Philippe Roux, président de l’association Handijob et membre du bureau du collectif Handicap, la situation est telle parce que « les employeurs ont peur de ne pas savoir faire, pas parce qu’ils n’ont pas envie ». En clair, les employeurs perçoivent le recrutement de ces personnes comme une situation complexe.

Il faut donc un réel suivi, de l’employé et de l’employeur, suivi qui n’est pas forcément bien assuré de la même façon par tous les organismes de placement. Il faut aussi un suivi pour chaque individualité, chaque handicap.

Actuellement, les personnes concernées et leurs familles se retrouvent souvent bien seules face au monde du travail. Mais une fois l’expérience enclenchée, le positif prend le dessus.

Alex qui a été victime d’un accident à 10 ans d’expérience dans l’architecture. Et il n’en pense que du bien. « Il a clairement été démontré que l’intégration de personnes handicapées permet d’améliorer le climat, la gestion des conflits, que les problèmes de l’entreprise sont plus facilement maîtrisés et les petits problèmes sont mis de côté. »

Selon les représentants du collectif Handicap ou du Conseil du handicap et de la dépendance, le moment est propice à l’action, les mentalités ont suffisamment évolué et le bouche-à-oreille commence à bien fonctionner.