D’ou vient la pollution de la mangrove de Ouémo ?

Triste découverte, samedi dernier, dans la mangrove de Ouémo. L’association SOS Mangroves NC, qui œuvre depuis neuf mois pour restaurer cet écosystème, a observé une forte pollution dans l’une des lagunes dont l’origine est encore inconnue. Elle tire la sonnette d’alarme…

Dé-cou-ra-geant. Voilà en mot le sentiment des bénévoles de SOS Mangroves NC. Ses équipes sont à l’œuvre depuis des mois pour restaurer la mangrove de Ouémo. Un épisode de pollution survenu l’année dernière a eu raison de nombreux palétuviers. Il a fallu replanter, une pépinière a été installée et les efforts ont « donné de bons résultats », selon Monik Lorfanfant, la présidente de l’association. Mais malheureusement, le « désastre » s’est reproduit dans une lagune, la première, celle qui longe la rue Redika (derrière la maison de retraite) et qui accueille aussi le plus grand nombre d’oiseaux… Sur place, « la couleur et les odeurs ne trompent pas, assure la responsable. On a affaire à un déversement de fosses sceptiques et donc de matières fécales ». Deux problèmes se posent maintenant, selon SOS Mangroves. Le premier concerne évidemment l’environnement et les palétuviers. Le second, encore plus alarmant, le risque sanitaire. En effet, les quatre lagunes environnantes communiquent entre elles, la saison de la pêche au crabe est ouverte… Et il y a du monde sur les différents sites.

Déversement d’un camion ?

L’association a alerté la province Sud, dont dépend la mangrove, et la mairie de Nouméa, dont dépendent le réseau d’eau pluviale et de traitement des eaux usées. Les services ont immédiatement envoyé des techniciens sur place.  « Nous avons constaté un déversement d’une importante quantité de graisses et d’aliments », raconte Vincent Mary, chef de service du bureau des installations classées, des impacts environnementaux et déchets à la province Sud. Il précise, par ailleurs, qu’un témoin aurait vu un camion-vidange déverser son contenu dans le réseau communal d’eau pluviale. Le liquide se serait ensuite écoulé dans les fosses, puis dans la mangrove. Il s’agira maintenant de faire confirmer cette hypothèse, peut-être par la police.

Rappelons que lorsque l’on détruit ou modifie un écosystème d’intérêt patrimonial, avec un impact, une mortalité avérée, des sanctions sont prévues par le Code de l’environnement (art.235-2) : les contrevenants risquent une amende de 500 000 francs le mètre carré de surface détruite et jusqu’à 35 millions de francs.

Mais selon l’association, vu la fragilité de cette mangrove, « où l’eau circule peu », le problème est à prendre au sens large. Ouémo n’est rattachée à aucune station d’épuration des eaux usées (Step) et hormis dans les constructions récentes, bon nombre de fosses sceptiques sont vieilles et en mauvais état. Sans compter l’impact des divers remblais et constructions. La mairie de Nouméa en est bien consciente…

 


Opérations à Tina et Rivière-Salée

SOS Mangroves NC, qui fête ses 10 ans cette année, a plusieurs autres chantiers en perspective. De gros travaux de restauration sont prévus sur la lagune de Tina, où il est prévu de replanter entre 300 et 500 palétuviers. Un nettoyage de la mangrove de Rivière-Salée est par ailleurs annoncé le 18 mars en partenariat avec la jeune association Ecosyndrom, à qui Mangroves NC passe peu à peu le flambeau pour cette zone.

C.M. ©SOS Mangroves NC