Des valeurs qui inquiètent

La préparation de l’avenir institutionnel doit-elle passer par la rédaction d’une charte des valeurs calédonienne ? C’est la question posée aux responsables calédoniens par les experts, dépêchés à Nouméa par l’État suite à la visite du Premier ministre. Mercredi dernier, en session plénière, la parole a circulé sur ce thème hautement symbolique. Une chose est certaine, cette question des valeurs n’a pas fini de faire parler et de provoquer des polémiques.

La dernière prise de position en date sur le chantier des valeurs, est celle de l’Union pour la Calédonie dans la France. Faute de pouvoir prétendre à une invitation à la table des discussions puisque l’UCF ne constitue pas un groupe au Congrès et ne compte dans ses rangs ni signataire des accords, ni président d’institution, ni parlementaire, le mouvement de Gaël Yanno et Philippe Blaise veut néanmoins faire entendre sa voix sur le sujet. C’est la raison pour laquelle, en milieu de semaine devant la presse, les représentants du parti ont pris position, regrettant la méthode mise en place par l’État, et mettant en garde face aux risques et dérives induites par ce débat.

Philippe Blaise estime ainsi qu’ « il y a une volonté d’instrumentaliser un débat, pourtant intéressant, pour négocier avant même le référendum de 2018, un pacte politique qui obligerait la Nouvelle-Calédonie à se doter d’une loi fondamentale, c’est-à-dire d’une constitution ». Pour l’élu du Congrès et de la province Sud, le dernier Comité des signataires n’a jamais mandaté les élus calédoniens dans cette perspective. Et de craindre en conséquence qu’un nouvel accord ne soit négocié et validé « dans le dos des Calédoniens ». Gaël Yanno demande pour sa part que les discussions ne soient pas limitées à la confidentialité feutrée des salons du haut- commissariat ou de l’hôtel Matignon mais qu’elles se déroulent au grand jour et fassent l’objet d’un débat au Congrès, devant la représentation politique du pays.

Force est de constater que ce n’est pas la première fois que se pose la question du format et des modalités, voulus par l’État, dans le cadre des discussions sur l’avenir institutionnel. On se souvient en effet que l’Union calédonienne avait boycotté la première réunion plénière organisée en mars dernier. On se souvient aussi de l’éviction, à la demande de son propre parti, de Sonia Lagarde, députée-maire de Nouméa, lors de cette même séance.

C.V.