Délétère

Il n’aura donc fallu attendre que quelques semaines et le premier coup de semonce pour que le gouvernement du 1er avril ne révèle sa fragilité et son inefficacité. Sectaire sur la question minière,  novice dans l’art de négocier, rigide sur la forme et sur le fond, l’exécutif en est désormais à demander d’être dessaisi du dossier des rouleurs. Mais de quoi s’agit-il au fond dans ce conflit et quels en sont les enjeux ?

 

Il ne s’agit pas, comme le disent certains, d’autoriser définitivement les petits mineurs à contracter avec des clients chinois.

Le point de revendication qui fait débat, c’est de savoir s’il est souhaitable de leur permettre de vendre une partie de leur production sur de nouveaux marchés. Une production qui ne trouve preneur ni localement, ni auprès des clients dits « traditionnels » (notamment vers l’Australien, QNI) à des conditions optimales.

Alors que souhaitent ceux qui s’opposent depuis plus de 15 jours aux revendications des rouleurs et d’une partie non négligeable des mineurs ?

Point n’est besoin d’être devin pour le comprendre : ils sont favorables à ce que la doctrine et la stratégie nickel de la province Nord, celle de Paul Néaoutyine et d’André Dang, deviennent celles du pays. C’est la raison pour laquelle ils se sont positionnés pour une prise de participation majoritaire de la Nouvelle-Calédonie au capital de la SLN ; c’est pourquoi ils soutiennent les montages économiques et financiers de la SMSP avec ses partenaires coréens et peut-être bientôt aussi chinois.

La Nouvelle-Calédonie possède la deuxième ou troisième réserve mondiale de minerai de nickel n’y change rien, ce modèle est intenable. Il n’est ni satisfaisant à court terme (cf. la situation alarmante de la SMSP) ni pour les générations futures.

Il est une évidence que la valorisation locale du nickel est la voie la plus immédiatement rentable, aussi bien en termes de retombées fiscales avérées que d’emplois directs.

Mais ce qui fait depuis longtemps la richesse de la Nouvelle-Calédonie, c’est l’activité induite par l’exploitation minière et l’industrie métallurgique.

C’est dans ce développement que s’est forgé le destin commun en devenir, dans ce maillage de PME de roulage, de travaux de maintenance, de fournisseurs, que s’est construite la Nouvelle-Calédonie de l’agglomération et de la brousse.

C’est bien ce modèle, à échelle humaine, qui est le plus profitable au pays et non pas une quelconque vieille théorie d’inspiration socialiste que plus personne n’ose défendre.

Alors oui, les enjeux sont tels qu’il sera bien difficile pour ceux qui ont érigé des murs de refus et de mépris à l’égard des rouleurs et des mineurs, de reconnaître leurs erreurs, de lâcher du lest sans pour autant donner l’impression de céder à la pression de la rue.

C’est tout l’art du compromis et de la négociation.

C’est tout ce dont le gouvernement actuel s’est montré incapable.

 

C.V