D’où vous est venu cet intérêt pour les relations de couple ?

J’ai assisté à une conférence, il y a plus de vingt ans aux États-Unis, de John Gray qui venait d’écrire le bouquin Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus. J’étais plutôt sceptique par rapport à ce thème, je m’entendais bien avec ma femme, on était marié depuis trois ans, je me disais que c’était très américain…

Et puis j’ai adoré ce que j’ai entendu. Tout le monde au final a de petites interrogations sur le comportement de l’autre. Pourquoi ma femme, par exemple, téléphone des heures à ses copines pour expliquer que ce qu’on a mangé à midi était un peu froid ? Ce genre d’informations essentielles… Je me disais qu’un être normalement constitué comme moi n’avait pas besoin de faire cela et j’arrivais toujours avec des petites remarques, par exemple, sur le prix du téléphone.

Ce qui m’a interpellé, c’est vraiment de voir cette autre manière de raisonner. J’ai trouvé cela génial et de fil en aiguille, je me suis formé avec John Gray, j’ai créé des ateliers sur ce thème. Mais comme je ne suis pas psy, je partageais cela de manière ludique et basique. Pour moi, ce sont des choses importantes, mais qui ne sont pas graves donc je trouvais ça bien de partager cela avec un peu d’humour et c’est comme ça que l’idée est venue d’en faire un spectacle, plus grand public, en 2006.

D’où tirez-vous vos exemples de vie ?

J’ai commencé par mes propres exemples. J’ai parlé de Corinne, des enfants. Une fois qu’on a le décodeur, c’est vraiment marrant d’analyser les petits exemples du quotidien ! Je m’inspire donc de mon vécu, mais aussi des milliers de couples que j’ai pu rencontrer. Toutes les anecdotes que je partage sont vraies. Et c’est pour cela que les gens s’y retrouvent !

Finalement, le sujet est inépuisable et il évolue également à mesure que la société change…

Tout à fait. C’est pour cela que j’ai créé un nouveau spectacle, celui que je vais présenter à Nouméa. J’y reprends les grands principes, mais je remets les choses au goût du jour en voyant un peu ce qui a évolué dans les relations entre hommes et femmes. Certains enjeux ont changé. Et avec les affaires du type Weinstein, on voit à quel point il y a encore du boulot pour que les hommes et les femmes puissent se comprendre et vivre en bonne harmonie.

Les choses changent, mais on reste fondamentalement différents ?

Oui, mais l’idée n’est pas de mettre les gens dans des cases parce qu’on est chacun unique. L’idée, c’est vraiment de comprendre qu’il y a deux logiques fondamentalement différentes, la logique masculine et la logique féminine et l’objectif est de devenir bilingue, de comprendre le langage de l’autre. Quand il ou elle parle masculin ou quand il ou elle parle féminin. Au final, c’est plus subtil que les hommes et les femmes, c’est plutôt le masculin et le féminin. On a chacun en soi un peu des deux, parfois une femme est un peu plus masculine, parfois un homme est un peu plus féminin et il y a des couples homosexuels. Les enjeux sont les mêmes. Ce qui est marrant, c’est que ce sont toujours les contraires qui s’attirent.

Vous avez beaucoup voyagé… Est-ce que ces différences sont universelles ?

Chaque couple est à la fois unique et amène sa culture. J’explique, par exemple, que le féminin se sent aimé avant tout à travers de petites attentions au quotidien et je pense que c’est assez universel. Simplement, évidemment, les petites attentions ne sont pas les mêmes et il y a des pays où des femmes aimeraient avoir de petites attentions, mais ne comptent pas dessus parce que la culture ne le permet pas. Mais ce n’est pas parce que la culture ne le permet pas qu’elles n’en auraient pas fondamentalement envie !

Après, l’idée du spectacle encore une fois n’est pas de faire une généralité, une radiographie de ce qu’est la relation entre hommes et femmes parce que chaque relation est unique. On va juste décoder les petites incompréhensions du quotidien de part et d’autre.

Ce dernier spectacle, Le couple, c’est mieux à deux, se fait en collaboration avec l’imitateur Thierry Garcia des Guignols de l’info et Yves Le Rolland, également de Canal+. À quoi doit-on s’attendre ?

Notre metteur en scène, Yves Le Rolland, était le producteur artistique des Guignols pendant 20 ans, il dirigeait les 250 personnes impliquées. Et Thierry fait les voix d’une quinzaine de personnages politiques. Il est très doué et, ce qui est chouette, c’est que dans le spectacle, il vient avec ses imitations, il chante aussi. Il amène vraiment un côté spectacle et drôle. Nous aurons un passage de Macron ou encore Bernard Laporte qui explique aux mecs comment être bien en couple.

Thierry arrive toujours à des moments un peu inattendus et traduit aussi parfois ce que le public peut penser. Il y a deux formes d’humour : l’humour que je vais provoquer avec les situations que je décris et l’humour de Thierry, très décalé. C’est très complémentaire et assez novateur. Avec toujours cet objectif : que les gens aient de quoi parler après le spectacle.

Puisqu’il semble que nous y tendions tous… Au final, selon vous, c’est quoi un amour réussi ?

C’est comme ça que je commence le spectacle. Quand se lance dans une histoire d’amour, on a tous envie qu’elle soit la plus longue et la plus belle possible même si on n’y arrive pas toujours. Il y a plein de définitions d’un amour réussi, mais pour moi, il s’illustre par le fait d’avoir toujours envie de rentrer chez soi le soir.

Propos recueillis par C.M. ©DR