Mondial: Débuts poussifs pour les favoris

Le Mexique s’offre l’Allemagne championne du monde, le Brésil est tenu en échec par la Suisse et la France passe difficilement son premier match contre l’Australie, les premiers matchs de groupe ont bouleversé les pronostics.

L’entame difficile du Brésil, de l’Argentine et de l’Allemagne suggère que les outsiders sont de mieux en mieux armés pour contrarier les favoris. Le football de sélections apparaît en crise face à un football de clubs dont il est de plus en plus admis que les meilleures équipes surpassent désormais celles des meilleures nations.

Et la France n’est pas épargnée, en témoigne son premier match contre l’Australie. Avec un 2-1 un peu volé face à l’Australie pour son premier match du groupe C, les Bleus n’ont pas conquis le public, les Français tout comme la presse étrangère qui a d’ailleurs était très sévère. À l’image du quotidien allemand, Süddeutsche Zeitung, qui a écrit : « Presque rien n’a fonctionné pour la France lors de son match d’entrée à Kazan. » Avec son équipe jeune et talentueuse, la France « a démontré qu’elle était composée d’un groupe d’artistes appelés à tutoyer les sommets, mais qui ne veulent pas se frotter aux choses si basiques que sont l’engagement physique, le dévouement et la passion », estime l’auteur de l’article. Le journal titre d’ailleurs son compte rendu : « Est-ce ainsi que joue un favori pour le titre de champion du monde ? » La déception a également été palpable en Espagne où El Mundo a listé les nombreux manques de l’équipe de France et El Pais a écrit que « la France avait plus de joueurs que de jeu. »

France-Pérou

Les Bleus vont devoir rapidement renverser la vapeur pour leur deuxième match du groupe C, vendredi, face au Pérou, une équipe bien plus sérieuse que l’Australie. Les deux pays ne se sont affrontés qu’une seule fois, le 28 avril 1982 au Parc des Princes, en match de préparation, et les Bleus de Michel Platini avaient perdu 0-1.

Cette fois, les Tricolores devront assurer d’autant qu’en face, ils auront un Pérou remonté, battu par le Danemark lors de son premier match et qui doit absolument faire un résultat contre la France s’il veut continuer l’aventure du Mondial. Comme l’a indiqué le sélectionneur adjoint l’équipe péruvienne : « C’est une grande sélection avec de grands joueurs. On s’attend à avoir une partie très difficile comme le sont tous les matchs dans un Mondial. Ils auront l’opportunité de se qualifier  contre nous, mais nous sommes prêts pour affronter cela. Nous devons faire un bon résultat. » Les Bleus devront être très prudents, car comme l’avait déjà dit Didier Deschamps : « Le Pérou, ce sont des morts de faim!».

Le Mexique s’offre l’Allemagne

Au-delà du match de la France, les premières rencontres ont démontré que les favoris n’avaient pas de voie toute tracée jusqu’au dernier carré cette année. À l’image de l’Espagne, qui, dans un match qui a tenu toutes ses promesses avec pas moins de 6 buts marqués, n’a pas su se défaire d’un Portugal accrocheur, pour nir sur un nul (3-3).

Plus pertinent encore, la première véritable surprise en Russie fut le triste match nul (1-1) d’une Argentine décevante face à la jeune Islande remontée comme une horloge. S’en est suivie ensuite l’incroyable défaite de l’Allemagne face au Mexique (0-1). Une victoire inattendue qui a fait vibrer les Mexicains jusqu’au plus profond de leurs entrailles. Virevoltants et redoutablement organisés, les joueurs de Juan Carlos Osorio ont a ché un état d’esprit remarquable, soutenus par un public « chaud bouillant » dans les tribunes. De leur côté, les Allemands, fidèles à leurs habitudes en pareil cas sont restés stoïques, le sélectionneur avançant tout simplement : « Les joueurs sont déçus, évidemment, mais notre équipe a suffisamment d’expérience pour surmonter cette défaite. Le prochain match contre la Suède (le 24) devient encore plus important, il faut le gagner. Il n’y a aucune raison de s’effondrer, il y a deux autres matchs et nous avons le temps de corriger ce qui doit l’être. »

Le Brésil tenu en échec par la Suisse

Le début de cette Coupe du monde ne réussit décidément pas aux grandes équipes. Après l’Argentine et l’Allemagne, c’est la Seleçao d’un Neymar discret qui en a fait les frais. Le Brésil s’est montré incapable de prendre le dessus sur la Suisse. En dépit d’une première mi-temps largement maîtrisée, les joueurs de Tite ont été rejoints par la Nati, qui a eu le mérite de ne rien lâcher, soutenue par son gardien en grande forme. Score final 1-1. Mais les Brésiliens auraient dû s’y attendre, face à cette Seleçao candidate déclarée à la victoire finale, la Suisse avait annoncé au monde qu’elle ne céderait pas facilement.

Mexique-Allemagne

Comme la plupart des nations candidates à la victoire finale, le Brésil entame donc son Mondial par une contre-performance. Car si mathématiquement parlant les premières rencontres ne condamnent en rien les favoris, cela montre le long chemin que doivent encore parcourir ces pays avant de postuler au titre suprême. Quoi qu’il en soit, la victoire finale semble rester tout de même hors de portée des équipes surprises du premier tour, mais s’il faut chercher un vainqueur hors du cercle des huit grandes puissances déjà sacrées, on doit peut-être se tourner vers un des challengers présentant un profil hybride. Par exemple, la Belgique, avec cette génération que l’on attend depuis longtemps au sommet, ou, pourquoi pas, l’Angleterre, dont la jeunesse compensera peut-être l’affaiblissement par l’hégémonie de la Premier League.

C.S