Coup d’Ouest : 7 bateaux échoués. Le manque de places en marina à nouveau pointé du doigt

Six voiliers et un catamaran ont rompu leurs amarres ce week- end en baie de l’Orphelinat, à Nouméa. Les rafales dépassant les 70 km/h et une forte houle sont à l’origine de ces dégâts. Tous ces navires étaient en mouillage forain, en dehors du port. La faute à qui ?

Selon les autorités portuaires, plus de 300 bateaux seraient amarrés devant le port de Nouméa, en mouillage forain (voir encadré). Un chiffre qui croît au fil des ans. Ces zones situées devant Port Moselle, Nouville et Port du Sud sont délimitées par le port autonome qui « tolère » le mouillage. En dehors de ces limites, le mouillage forain est interdit en raison des accès aux différents ports de la capitale. En zone de mouillage forain, les propriétaires des navires utilisent des corps- morts (voir encadré) pour s’y amarrer. Des amarres qui peuvent céder en cas de fort vent et de forte houle, si elles ne sont pas optimales. Un point que vérifie l’assurance en cas de sinistre quand sera posée la question de la responsabilité et du remboursement. Des assurances, comme l’AFA, précisent dans leur contrat que si un bateau séjourne longtemps au mouillage forain ou sur un corps-mort, la franchise en cas de sinistre se voit triplée. C’est à ce moment-là, une fois le bateau sur les rochers que des plaisanciers pointent du doigt le manque de places au port, avançant qu’ils n’ont pas le choix que de mouiller dans les baies.

Des raccourcis faciles

En y regardant de plus près et en questionnant les capitaineries de Nouméa, « il existe quatre types de mouillage forain et ceux qui attendent une place au port ne sont pas, comme on peut le croire, majoritaires ». Ainsi, on dénombre d’abord les bateaux « poubelles » dont les propriétaires sont partis sans laisser de trace. Puis viennent les grosses unités, souvent des multicoques, dont les propriétaires ne veulent ou ne peuvent pas payer un emplacement à quai. Arrivent ensuite les bateaux avec vie à bord, leurs occupants voulant bénéficier « d’un logement à moindre coût ou d’une vie différente». Enfin, il y a ceux qui sont effectivement dans l’attente d’une place au port, soit 10 % de la flotte, une trentaine de navires, selon les autorités maritimes.

Pour le port autonome ces zones de mouillage forain demandent une surveillance accrue et permanente. « Une amarre qui lâche, c’est une dérive du navire dans la grande rade et un paquebot qui ne peut pas rentrer. Sans compter le nombre de bateaux qui jettent leur ancre hors zone de mouillage et qu’il faut faire sans cesse bouger. »

Garantir ses amarres

Pour éviter qu’un navire ne termine sa course sur les rochers, le mouillage forain impose donc de respecter alors quelques fondamentaux. Il faut en premier lieu être vigilant aux conditions météo. Selon les spécialistes, comme Thibault, skipper depuis plus de 20 ans : « Il faut se mettre impérativement à l’abri des vagues et des vents dominants. Optez plutôt pour le vent que pour les vagues, car ces dernières déplacent le bateau en exerçant une tension importante sur la ligne de mouillage, avec des risques de rupture. Quand il y a de l’ouest, comme le week-end dernier, changez d’endroit pour vous abriter dans une baie sûre comme celle de Sainte-Marie. »

Mais garantir sa sécurité en forain passe également par la qualité de son amarre. « Il faut un corps-mort, une chaîne mère et une chaîne secondaire adaptée à la taille de son bateau. On ne le répète jamais assez, les chaînes doivent être conformes aux caractéristiques de la chaîne galvanisée de la norme Afnor en vigueur ou d’une résistance à la traction équivalente. » Pour simplifier, un corps-mort doit être de deux tonnes pour un 8-10 mètres, la chaîne dominante de diamètre 25/30 et la chaîne secondaire de 14 minimum et « si le temps se dégrade, il ne faut pas hésiter à rajouter une ancre »


Des places en plus ?

Les ports de Nouméa offrent près de 1 500 anneaux à flot et 240 places à sec. Des marinas qui sont arrivées à leur capacité maximale depuis de nombreuses années. Le port autonome, dans le cadre de son plan décennal, a la volonté de créer de nouvelles marinas et prépare un cahier des charges pour un appel à projets d’ici la fin de l’année à destination d’opérateurs privés. Deux sites sont annoncés : baie de la Moselle et pointe Denouel (Nouville).


Le mouillage forain

Il s’agit d’un lieu de mouillage abrité en dehors d’un port. Un navire peut y ancrer ou s’amarrer à un corps-mort. Le corps-mort est une dalle de béton ou un objet pesant, posé au fond de l’eau, relié à une bouée. Pour un bateau de 10 mètres, il faut une dalle de béton de 2 tonnes et débourser 300 000 francs.

C.Sch