COP21 : comment s’organise la Calédonie

Phénomène de montée des eaux et de forte érosion du trait de côte en bord de lagon pendant la période 2009 / 2014 - Atoll de Tikehau – Tuamotu – Polynésie française. Victime du changement climatique, l'archipel des Tuamotu, où les atolls culminent souvent à un ou deux mètres au-dessus de la surface de l'océan, pourrait êtr, un jour, rayé de la carte.

L’avenir de la planète se jouera du 30 novembre au 11 décembre à Paris. La COP21, conférence internationale organisée sous l’égide des Nations unies, rassemblera 195 états et plus de 40 000 personnes avec un objectif commun : faire baisser la température de l’atmosphère. Des représentants de la CPS, Communauté du Pacifique, feront le déplacement. 

Le niveau de la mer monte trois fois plus vite dans le Pacifique que dans le reste du monde. Ironie de l’histoire, cette région ne comptabilise que de 0,03 % des émissions de carbone mondiales, principales responsables de la hausse du niveau des océans. Selon une équipe de chercheurs internationale, la température de l’atmosphère pourrait encore grimper de 4°C d’ici la fin du siècle si rien n’est fait*. Un tel scénario serait absolument catastrophique pour l’environnement puisqu’à ce niveau, « la mort du corail est quasiment certaine, tout comme celle des bivalves », précise Raphaël Billé, coauteur de la publication et scientifique de la CPS, à Nouméa. à l’inverse, si l’on limite la hausse de la température à moins de 2°C (1,5°C selon les états du Pacifique), les conséquences sur l’environnement pourraient être maîtrisées. Grâce à cette étude publiée en juillet dans la prestigieuse revue Science, les scientifiques vont pouvoir offrir du grain à moudre aux décideurs présents à la COP21, la conférence des Nations unies sur le changement climatique organisé du 30 novembre au 11 décembre à Paris.

Obligation ou préconisation ?

Les objectifs de cette conférence sont multiples. Il s’agit d’abord d’établir un cadre juridique, contraignant ou pas, entourant les émissions de CO2. Faut-il ajouter un protocole à celui de Kyoto ou imaginer un nouveau traité par exemple? étant donné l’échec des dernières négociations de 2009, seul l’accord de Kyoto, signé en 1997, engage actuellement les protagonistes à baisser leurs émissions de gaz de 5 % par rapport à 1990. Cependant, les états-Unis ne l’ont jamais ratifié et le Canada, la Russie et la Chine, n’ont pas atteint cet objectif. Dans un deuxième temps, chaque pays devra soumettre sa contribution nationale, c’est-à-dire énoncer les mesures qu’ils s’engagent à prendre pour faire baisser la température. La COP21 devra ensuite se pencher sur les moyens de financement pour leur mise en œuvre. Il s’agira, enfin, de présenter un agenda des solutions proposées par la société civile (collectivités locales, associations…).

Pour peser dans la balance et faire comprendre au monde entier, l’incroyable vulnérabilité des pays insulaires, « nous avons intérêt à avoir une réflexion commune entre la France et les autres Etats du Pacifique », affirmait George Pau-Langevin lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie. La ministre des Outre-mer a d’ailleurs annoncé la tenue d’une conférence France Océanie les 25 et 26 novembre, afin d’y dégager une proposition commune pour le Pacifique en vue de la COP21.

Sollicité à plusieurs reprises, le gouvernement n’a pas souhaité communiquer sur la position de la Nouvelle-Calédonie dans la COP21. Une délégation restreinte de la CPS, elle, sera à Paris pour représenter les états du Pacifique. Elle y témoignera des conséquences du changement climatique dans la région et des initiatives prises.

EPLP se mobilise

« Mobilisation du collectif calédonien pour le climat, action pour la transition énergétique », telle est le nom de cette initiative de l’association EPLP (Ensemble pour la planète) qui tente de faire entendre sa voix sur la question, notamment en perspective du Cop 21. « Nous demandons au gouvernement de Nouvelle-Calédonie d’intégrer les trois métallurgistes aux efforts à consentir pour l’amélioration de notre bilan carbone et pour la transition énergétique, notamment au travers le schéma énergie climat en cours d’élaboration », précise Martine Cornaille, présidente d’EPLP.

 Manifestations le 29 novembre, départ de la place de la Moselle à la place des Cocotiers. Animations musicales et visuelles prévues.

Trois questions à Georges de Noni

directeur de l’IRD, Institut de recherche pour le développement, de Nouvelle-Calédonie

DNC : Quelle est l’implication de l’IRD dans l’organisation de la COP21?

Georges de Noni : Nous sommes intervenus à la demande du Gouvernement pour apporter des données scientifiques concernant le phénomène du changement climatique dans les pays du Sud. En Nouvelle-Calédonie, l’IRD intervient dans une dynamique de consortium (le Cresica qui regroupe l’université, l’Ifremer, l’Institut Pasteur, l’Institut agronomique, le Cirad, le BRGM et l’IRD). Les dirigeants ont besoin de preuves rigoureuses et fiables afin de prendre des décisions pertinentes et seuls les chercheurs sont capables de leur fournir.

DNC : Qu’est-ce que la COP21 peut apporter à la Nouvelle-Calédonie et aux états du Pacifique ?

Georges de Noni : La montée des eaux est l’une des conséquences du changement climatique et les états insulaires du Pacifique sont particulièrement vulnérables. Ils ont donc tout intérêt à s’y impliquer. Ils ont montré qu’ils l’étaient lors de la conférence Oceania 21, plate-forme d’échanges, de prospectives et d’actions entre les politiques et les scientifiques.

DNC : Quel est votre état d’esprit à la veille de la COP21?

Georges de Noni : Je suis très motivé car je pense que la COP21 pourrait permettre d’aider les pays du Sud à mieux se développer et les dirigeants politiques à reconnaître le rôle-clé de la science dans l’agenda des décisions qui seront prises lors de la COP21. Il reste encore beaucoup de questions en suspens concernant le changement climatique et nous avons besoin de moyens pour généraliser les observatoires de longue durée qui permettront de mieux comprendre ce phénomène. En résumé, le changement climatique et le développement durable sont un même combat pour la recherche.

V.G