Un mois après la tenue de sa réunion sous l’égide du haut-commissaire, le groupe de dialogue « Sur le chemin de l’avenir » a remis à l’État un document intitulé « Propositions de valeurs calédoniennes partagées ». Le haut- commissariat invite la population à prendre connaissance du travail mené sur cette charte des valeurs communes.

En ligne depuis quelques jours sur le site internet du haut-commissariat sous le titre « Propositions de valeurs calédonienne partagées », le document est donc soumis aux commentaires de la population afin d’être enrichi. Le texte égrène « les sources des valeurs calédoniennes, les valeurs, droits et devoirs de la personne et les valeurs et droits politiques, économiques et sociaux ». Son objectif est de mettre en évidence ce qui rassemble et ce qui unit les Calédoniens dans leur diversité.

Côté politique, Calédonie ensemble s’est exprimé en premier sur cette proposition de charte, convaincu « de la pertinence de la démarche consistant à affirmer, avant le référendum, par un dialogue approfondi entre indépendantistes et non-indépendantistes, les valeurs qui nous rassemblent ». Le parti de Philippe Gomès encourage, simplement, la population à prendre connaissance de ce texte et à formuler des commentaires.

De son côté, Louis Mapou, chef du groupe Uni au Congrès, a indiqué qu’en tant que « biculturels », les indépendantistes kanak faisaient « déjà campagne » sur ces valeurs partagées. « Cette charte peut très bien contenir les éléments du préambule de la prochaine constitution de Kanaky-Nouvelle-Calédonie », a-t-il déclaré.

Associer la population

Rappelons que cette consultation avait été demandée par un seul parti, Les Républicains calédoniens. Pour Sonia Backes, sa présidente, « cette consultation de la population est une victoire pour les Calédoniens. Elle était essentielle et primordiale. Les valeurs calédoniennes ne doivent pas être définies par un nombre réduit de responsables politiques au haut-commissariat, mais par les Calédoniens eux-mêmes ! »

Et la présidente du parti de rappeler : « Alors que Calédonie ensemble et les indépendantistes souhaitaient adopter une charte des valeurs en catimini, depuis le début, les Républicains calédoniens ont souhaité que la population soit associée à l’élaboration non plus d’une charte, mais d’une proposition de valeurs communes, non engageante, avant le référendum. Nous sommes donc heureux que l’État nous ait donné raison, il était pour nous essentiel que la société civile puisse s’exprimer sur un tel sujet. »

Les conditions indispensables

Au-delà de l’association de la population, lors des discussions du groupe de travail « Sur le chemin de l’avenir » placées sous l’égide du représentant du Premier ministre, François Seners, les Républicains calédoniens avaient aussi d’emblée fait savoir que ce document était incomplet, « car rédigé dans l’urgence et la précipitation ».

Pour eux, quatre rajouts s’imposent. Le parti demande que soit pris en compte la défense des droits des femmes et le refus de toute violence à leur égard et de faire de l’égalité hommes-femmes une « cause territoriale ». Ils demandent aussi l’ouverture à la citoyenneté en déclarant qu’« il y a aujourd’hui près de 30 000 résidents en Nouvelle-Calédonie privés du droit de vote aux élections provinciales, c’est inacceptable ! » Enfin, le droit à la propriété privée doit être réaffirmé, tout comme la question de la neutralité et l’indépendance de la fonction publique.

Les Républicains calédoniens tiennent ces quatre rajouts comme indispensables, mais « s’interrogent cependant sur la finalité de ce document sur les valeurs partagées, à six mois du référendum ».

C.S.