Congrès des partis indépendantistes : les divergences s’affichent

L’Union calédonienne et le Palika ont tenu le week-end dernier leur congrès annuel. Les divergences apparues ces derniers mois sur la question du nickel sont plus que jamais présentes, même si l’objectif de l’indépendance reste partagé.

Que ce soit à Hienghène ou à l’île des Pins, la parole a circulé, les échanges ont même parfois été vifs mais au final, les motions adoptées donnent des éléments de compréhension sur les fractures profondes qui divisent la mouvance indépendantiste.
À l’Union calédonienne, et sans grande opposition de fond, Daniel Goa a largement été réélu président, c’est, en soi, un signe. Un signe que l’épisode de la désignation de Philippe Germain à la présidence du gouvernement avec la voix de Jean-Louis d’Anglebermes est digéré, même si ce dernier a été écarté du bureau de l’UC.
Toutefois, cette élection très largement acquise, ne peut occulter que la question de la pertinence du maintien de l’UC dans le FLNKS a été non seulement posée mais aussi débattue. C’est sans doute en prévision de ce débat que Daniel Goa s’était montré particulièrement incisif en ouverture des travaux. Le président du plus vieux parti du pays a insisté sur la nécessaire unité de l’UC, et ce n’est pas non plus un hasard si le mot d’ordre de ce congrès était : « Une seule parole, un seul objectif ». Et cet objectif c’est évidemment l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté dès le premier référendum prévu par la loi, c’est-à-dire celui de 2018.

Et Daniel Goa d’aller plus loin pour appeler de ses vœux l’émergence d’un État souverain kanak.
Outre le fait qu’une nouvelle fois le président de l’UC n’envisage pas une seconde, contrairement à ce que montrent de manière continue tous les scrutins provinciaux, que le référendum puisse lui être défavorable, il évoque la création d’un État kanak, ce qui n’est pas et n’a jamais été le sens des accords de Nouméa et de Matignon qui ont permis le retour et le maintien de la paix en Nouvelle- Calédonie depuis maintenant plus de 25 ans.

Le nickel divise plus que jamais

L’Union calédonienne était aussi très attendue sur la question du nickel. Le sujet est au cœur de l’actualité depuis des mois. Quelque peu hésitante l’an dernier lors de son congrès de Koné, cette fois-ci, le parti s’est clairement positionné.  Ce qui doit primer, c’est le pragmatisme. Si aujourd’hui les marchés porteurs sont en Chine, et dans la mesure où la qualité des minerais concernés ne permet pas de les traiter localement, alors il convient d’autoriser les exportations. Cette prise de position, largement soutenue à Hienghène, est celle que Daniel Goa a déjà exprimée au cours de sa médiation dans le conflit des mineurs et des rouleurs.

À l’île des Pins, le Palika, s’est opposé avec virulence à cette vision de ce que doit être l’économie du pays dans la perspective de son accession à l’indépendance. Porte-parole du mouvement, Charles Washétine a rappelé son soutien plein et entier à la doctrine du Nord. Mais le parti de Paul Néaoutyine va plus loin puisqu’il préconise ni plus ni moins la « nationalisation » des principaux outils de production du pays, qu’il s’agisse de la mine et de la métallurgie, mais aussi des autres secteurs porteurs du pays.

Même si ce n’est pas une surprise, on ne peut que s’interroger sur ce concept économique qui a conduit nombre de pays nouvellement indépendants à la ruine.

Sur le référendum de sortie de l’Accord en revanche, pas ou peu de différence avec l’Union calédonienne. Le Palika se fixe comme objectif l’année 2018, même si, dans les propos entendus à l’île des Pins, on peut noter que 2018 peut être envisagée comme une première étape, mais une étape simplement dans l’hypothèse d’un résultat défavorable.

Les deux grands partis restent donc évidemment indépendantistes, mais profondément divisés sur la manière d’en assumer la compétence.

C.V.