Comptes de la Nouvelle- Calédonie : attention fragiles !

Les élus loyalistes du Congrès auront beau se disputer, cela ne changera rien au constat assez inquiétant dressé par la Chambre territoriale des comptes de la Nouvelle-Calédonie. Dans leur rapport présenté en séance publique mercredi après-midi, les magistrats dressent une liste de 26 recommandations et 11 rappels d’obligations juridiques.

La séance publique du Congrès a tourné à la bataille rangée entre les groupes Calédonie ensemble et les Républicains calédoniens, sous le regard mi-amusé, mi-atterré des élus indépendantistes du boulevard Vauban. À l’occasion d’une séance publique, mercredi 1er août, l’assemblée s’est penchée sur l’examen du rapport de la Chambre territoriale des comptes de la gestion de la Nouvelle-Calédonie de 2012 à 2017. Un rapport qui dissociait les mandatures d’Harold Martin et de Philippe Germain.

Le contrôle de la CTC a mis en lumière une importante dégradation des comptes de la Nouvelle-Calédonie entre 2012 et 2014. Les magistrats ont notamment souligné la forte augmentation des dépenses de fonctionnement et l’assèchement des capacités d’autofinancement de la collectivité. Sur la deuxième partie de la période examinée, il ressort que d’importants efforts de maîtrise des dépenses ont été consentis. Un redressement des comptes qui s’est néanmoins fait au détriment des participations de la Nouvelle-Calédonie dans ses établissements publics et des coupes claires dans les subventions aux associations.

La volonté du gouvernement de maintenir un niveau élevé d’investissement a par ailleurs conduit à un endettement qui est à la limite du tenable aujourd’hui et va devoir conduire l’exécutif à revoir ses participations à la baisse. Reste que la Chambre des comptes note de réelles avancées, en particulier sur le plan de la transparence qui s’est considérablement améliorée à compter de 2016.

Il en résulte aujourd’hui une situation budgétaire assez délicate. Le gouvernement ne soutient que très peu le monde associatif, qui assure pourtant un nombre considérable de missions de services publics et l’impossibilité de recourir davantage à l’endettement va le pousser à réduire ses soutiens aux entreprises.

M.D.


Calédonie ensemble tire sur Sonia Backes…

Faisant suite à l’examen du rapport de la Chambre territoriale des comptes, Calédonie ensemble s’en prend à Sonia Backes dans un communiqué, évoquant un « bilan désastreux » lorsqu’elle était chargée des finances et du budget au gouvernement, de 2011 à 2014.

Le parti de Philippe Gomès avance que le « gouvernement Martin-Backes aura durablement fragilisé le budget de la Nouvelle-Calédonie ». Calédonie ensemble indique que durant cette période, la Chambre territoriale des comptes a relevé « une envolée de 20 % (8 milliards) sur les dépenses de fonctionnement, un assèchement de l’épargne brute et un recours massif à l’emprunt (+10 milliards) ».

Calédonie ensemble ajoute « alors qu’en 2012, la capacité de désendettement de la Nouvelle- Calédonie était de 2,2 ans, le gouvernement Martin- Backes l’a portée à … 30,9 années en 2014 (…) Voilà, sans détour, l’héritage laissé par le gouvernement Martin-Backes aux Calédoniens, dans le cadre de la gestion calamiteuse du budget et des finances de la Nouvelle-Calédonie. Un héritage légué par des chantres de l’économie s’auto-érigeant aujourd’hui en défenseurs de la rigueur ».

La réponse des Républicains calédoniens

La réponse du parti de Sonia Backes n’a pas tardé et s’en prend à la période de gestion suivante, celle de Calédonie ensemble, où Thierry Cornaille (2014/2015) et Philippe Dunoyer (2016/2017) ont été successivement membres du gouvernement chargés du secteur.

Le parti indique qu’en étudiant ces deux périodes, « on ne peut que constater le naufrage de la gestion des collectivités par Calédonie ensemble avec une explosion du taux d’endettement et de la masse salariale ainsi qu’une chute historique des recettes ». Ainsi, le taux d’endettement est passé de 50 % en 2014 à 89 % en 2017 et le taux de référence de la masse salariale est passé de 35 % en 2014 à 39 % en 2017. Les Républicains calédoniens ajoutent que « malgré la mise en place de nouveaux impôts ou la hausse des existants, la politique économique nationaliste de Calédonie ensemble a conduit à un effondrement des recettes de fonctionnement ! »

Et de conclure qu’« après plus de quatre années avec l’ensemble des pouvoirs, il est venu le temps du bilan pour Calédonie ensemble. Avec un taux d’endettement historiquement haut, une masse salariale non maîtrisée qui dépasse les ratios de bonne gestion et des recettes en chute libre, le parti de Philippe Gomès a réussi, en quatre ans, à mettre la Nouvelle-Calédonie en faillite, sans pour autant faire état des comptes sociaux ».

C.S.