« Comment allez-vous faire si indépendance il y a ? »

Dans le cadre de la campagne référendaire, Grégoire Bernut, secrétaire général des Républicains calédoniens, était mardi soir l’invité de l’émission France ou indépendance sur RRB. Il a débattu sur le «oui» et le « non » face à Jacques Lalié, de l’Union calédonienne. L’occasion de pousser l’indépendantiste dans ses retranchements.

Dans un esprit convivial, les deux hommes ont d’abord donné leur position, l’un pour le « oui » à l’indépendance et l’autre pour le « non ». Pour Grégoire Bernut, il votera « non » parce que la Calédonie dans la France est « un espace de liberté, de valeurs, de partage, d’égalité et de solidarité auquel nous sommes attachés. Parce ce que la Nouvelle-Calédonie s’appuie sur le rayonnement international de la France tout en bénéficiant d’une large autonomie. » Et enfin : « Malgré 164 ans d’histoire, il serait impossible de nancer notre quotidien sans le transfert financier de 150 milliards de l’État. » Ce à quoi Jacques Lalié a répondu que le « oui » était nécessaire le 4 novembre prochain, car « c’est un devoir de mémoire, parce que le peuple français nous a demandé de nous inscrire dans une démarche de consultation avec une sortie vers l’indépendance et enfin, c’est une nouvelle donne pour sortir du carcan actuel, en vue de construire l’avenir. »

Sortir des deux blocs

Face à l’idée de « carcan », Grégoire Bernut a tenu à dire que la France « n’est sûrement pas un carcan, mais bien un espace de liberté qui protège les Calédoniens. Des Calédoniens qui, pour la première fois, vont pouvoir dire quel avenir ils souhaitent », insistant sur le fait que ce « référendum va peut-être nous sortir de la logique des deux blocs que nous connaissons depuis 30 ans. » Jacques Lalié pense plutôt qu’il faut « rester, même si le non l’emporte, dans un processus de décolonisation (…) et même si on ne discute plus sur le corps électoral, on parlera encore de la notion de double nationalité. On nous a promis la décolonisation, il faut que cela se réalise. »

Grégoire Bernut en a profité pour rappeler que « la décolonisation ne se traduit pas forcément par l’indépendance » et que si les trois référendums il y avait, donnent raison au maintien de la Calédonie dans la France, « il faudra bien que les indépendantistes se fassent une raison pour enfin traiter les problématiques quotidiennes des Calédoniens ».

Transfert financier

Le moment le plus important de ce débat fut sans nul doute le moment où les deux hommes ont pu donner leur position sur la question qui préoccupe grandement les adhérents et sympathisants des deux camps, celle du transfert financier. Grégoire Bernut, après avoir justifié, que budget après budget il y avait toutes les peines à les boucler et que se passer des 150 milliards de l’État était utopique, s’est empressé de demander à Jacques Lalié : « Demain, si la Nouvelle- Calédonie doit prendre en charge le financement des compétences régaliennes, de l’enseignement secondaire, les provinces, etc., comment allez- vous faire vous qui voulez l’indépendance ? ». L’intéressé, embarrassé, n’a pas pu avancer de réponse concrète déclarant uniquement que si indépendance il y avait le 5 novembre, « il faudra compter sur l’accompagnement et l’aide financière de l’État français un certain temps pour nous aider à construire notre avenir. Et si la France ne veut pas être là, il y aura bien d’autres pays. » De quoi en laisser songeur plus d’un…

En conclusion, Grégoire Bernut a rappelé qu’il fallait aller « massivement » voter le 4 novembre, car plus la victoire du « non » sera importante, « plus elle garantira la stabilité de la Nouvelle-Calédonie dans l’avenir. » Jacques Lalié réaffirmant : « Si c’est le « oui » qui l’emporte, on pourra enfin construire une Calédonie avec des partenaires comme la France et les d’autres pays du Pacifique. »

C.S