CHT : « Le job est fait »

Après plusieurs alertes des professionnels sur l’état de santé du Médipôle ou ses difficultés de recrutement, la direction du CHT Gaston-Bourret a fait le point cette semaine devant la presse. Elle se veut rassurante.

Dominique Cheveau, directeur du CHT, et Jacqueline Bernut, présidente du conseil d’administration, ont réuni les médias mardi. Ils ont présenté le bilan d’activité 2018 et profité de l’occasion pour faire un point global de situation après une série de polémiques sur la santé financière de l’établissement et l’état d’un certain nombre de ses services qualifiés de « sinistrés ».

Activité accrue

Après une année de déménagement en 2016, puis une autre de « prise en main de l’outil » en 2017, en 2018, le CHT est monté en puissance. De fait, son activité n’a jamais été aussi importante. Elle a augmenté de 4 % de manière générale, selon la direction, 6 % sur les passages aux urgences avec 45 000 patients, 21 % en hôpital de jour et chirurgie ambulatoire, 10 % en imagerie médicale avec pas moins de 15 000 IRM et scanners réalisés, « contre 800 il y a une quinzaine d’années. » 9 500 interventions au bloc ont été effectuées (+ 8%). Concrètement, assure Dominique Cheveau, « le job est fait ».

Le CHT a même été capable d’« assurer » lorsque le privé a été paralysé à cause d’une grève plusieurs semaines toujours en 2018, preuve que les choses vont plutôt bien, selon Jacqueline Bernut, que tous les patients sont pris en charge. Le CHT a également développé de nouvelles activités, la création du service de gériatrie aiguë, l’ouverture de 21 lits d’oncologie en soins palliatifs ou encore des missions de chirurgie cardiaque avec l’Institut Montsouris. On peut ajouter que depuis le début de l’épidémie de dengue, 180 personnes ont été reçues par jour en moyenne aux urgences contre 140 habituellement. Ou encore que l’établissement prépare, pour 2019, une mission rythmologie et le projet de greffe de rein.

Recrutements

Avec cette hausse d’activité de service public, assurée 24 heures sur 24, dans un bâtiment réunissant 2 200 agents et une base relationnelle qui n’était pas forcément optimale, « il est normal que ça coince parfois », nous dit Dominique Cheveau.

Les représentants ne cachent pas que certains services sont effectivement en difficulté. Il y a eu des soucis de personnes et « comme à Tahiti ou en Métropole », des problèmes de recrutement en particulier dans les disciplines qui deviennent rares. « Les jeunes médecins sont par ailleurs hyper spécialisés et il devient de plus en plus difficile de trouver des personnes plus généralistes », ajoute le directeur.

Mais ces carences, disent-ils, sont affrontées, service par service. Les équipes sont en train d’être reconstituées progressivement ou stabilisées avec des recrutements ou des nominations en cardiologie et chirurgie cardiaque, en oncologie, en orthopédie, en pneumologie, en imagerie médicale, interventionnelle et télé-radiologie. Des primes ont été demandées pour les spécialités rares et les collaborations avec le privé sont renforcées quand cela est nécessaire.

Attractivité

Dans ce contexte, une réflexion a été engagée sur l’attractivité du Médipôle. Après l’audit sur la gouvernance, un expert métropolitain va, dès la semaine prochaine, engager un audit sur ce thème.

L’outil est jugé « formidable », mais il y a effectivement beaucoup à faire pour que les médecins viennent, s’y sentent bien et surtout, restent. Une modification du statut des médecins est par exemple « incontournable » estime la direction et il faut travailler sur les rémunérations, ainsi que sur la qualité de vie au travail (temps de travail, ambiance, pénibilité). « On travaillait dans la souffrance en permanence, commente Dominique Cheveau, donc on a décidé avec l’ensemble de la communauté médicale de tout remettre à plat, de casser cette spirale » notamment avec un audit total des risques psychosociaux.

Trésorerie

Au niveau financier, les représentants l’assurent, le CHT n’est « absolument pas en difficulté budgétaire ». Les dépenses de fonctionnement sont de l’ordre de 29,5 milliards de francs avec des recettes équivalentes. En revanche, les problèmes de trésorerie sont de plus en plus sérieux (solde mensuel déficitaire de 450 millions de francs) et le CHT ne peut plus absorber les retards de paiement à répétition du Ruamm. Certains actes et prestations payées aux fournisseurs ne sont pas remboursés « depuis quatre ans » (rétrocession de médicaments coûteux, missions extrahospitalières pharmaceutiques). Et, fait nouveau, un retard d’un mois a été pris sur le paiement de la dotation globale de fonctionnement. Heureusement, le gouvernement a signé une avance de trésorerie de 3,4 milliards de francs pour les trois hôpitaux dont 2,9 milliards pour le CHT ; une « bouffée d’air » qui a permis d’honorer les fournisseurs et de maintenir les prestations de soins. La trésorerie est « totalement sécurisée jusqu’au mois de juillet » mais pour la suite, les gestionnaires demandent que le financement de la santé soit clarifié dans le cadre du plan Do Kamo.

C.M.