« Cet avion, c’est le vôtre »

Le Kanumera, premier A330neo d’Aircalin s’est posé mardi midi à l’aéroport de La Tontouta, acclamé par les salariés de la compagnie aérienne et ses nombreux partenaires. L’arrivée de cet Airbus de dernière génération annonce le renouvellement complet de la flotte d’Aircalin, gage, espère-t-on, de performance, de compétitivité et de davantage de confort pour les voyageurs.

Il n’y avait ni homard, ni champagne dans l’immense hangar de La Tontouta, mais Aircalin avait néanmoins vu les choses en grand pour accueillir sonKanumera. Il faut dire que l’arrivée d’un nouvel appareil au sein d’une petite compagnie n’est pas chose courante (nos derniers avions ont environ seize ans). Aircalin avait donc convié aux festivités son personnel, ses partenaires, la direction de l’aviation civile, les sapeurs-pompiers de l’aéroport, les forces de l’ordre, la Chambre de commerce et d’industrie, les représentants du secteur touristique et les coutumiers de l’ensemble du territoire, ainsi que tous ceux ayant rendu possible une telle acquisition, l’État, la Nouvelle-Calédonie, les banques.

Très attendu, au terme d’un trajet Toulouse- Osaka-Nouméa, l’avion commandé par le chef pilote d’Aircalin Jean-Marc Tadiello, s’est finalement posé sur le tarmac peu avant midi sous les applaudissements et le célèbre Oh, Happy Day d’Edwin Hawkins. Un jour heureux à marquer d’une pierre blanche.

« Une bouffée d’air »

La célébration s’est poursuivie par une coutume et les discours officiels, chacun saluant le chemin parcouru depuis les prémisses de ce dossier et plaçant beaucoup d’espoir dans le « grand frèreKanumera » et ses suivants (le second A330 sera livré au mois de septembre, un A320neo arrivera mi 2020 puis un autre mi-2021).

Le renouvellement de la flotte, proposé au conseil d’administration en 2014 par Didier Tapero, est un élément central du plan global de performance d’Aircalin qui a déjà permis à la compagnie de renouer avec les bénéfices, notamment par la révision des lignes. L’investissement, confidentiel, serait de 33 ou 34 milliards de francs pour cet avion. Le montage prévoit un financement à 32 % sur fonds propres, 38 % sur emprunt bancaire, et 30 % grâce à la défiscalisation. La Nouvelle-Calédonie s’est finalement portée caution à hauteur de 3,3 milliards de francs.

Cette opération vise avant tout à réduire la facture de carburant qui représente près du tiers du coût du voyage. L’A330neo, destinés aux vols longs-courriers, consomme 14 % de carburant en moins par passager et 12 % pour l’ensemble du vol, grâce à la nouvelle motorisation Rolls- Royce ainsi qu’au design des ailes et l’utilisation de matériaux toujours plus légers, en particulier pour les sièges. S’ajouteront – pendant quelques années – des économies de maintenance.

Dans ce « moment d’émotion pour la compagnie et le personnel », Didier Tapero a évoqué une « bouffée d’air » et une étape importante, la flotte actuelle étant devenue vieillissante et trop coûteuse. La présidente du conseil d’administration, Martine Lagneau, s’est dite de son côté « très fière de cette famille calédonienne qui a su s’adapter au marché ».

Le nouveau haut-commissaire, Laurent Prévost, a trouvé là « un bon exemple de ce que peut apporter la défiscalisation pour le développement de la Nouvelle-Calédonie. Accueillir cet appareil, c’est se projeter vers les voyages, le futur, le dynamisme », a-t-il poursuivi. Le président du gouvernement, Thierry Santa, a espéré que cet investissement contribue effectivement à l’essor de la compagnie et au rayonnement du territoire, mais aussi à la mobilité de la population, dont c’est la compagnie, puisque la Nouvelle-Calédonie en est actionnaire à 99,4 % par le biais de l’Adanc (Agence pour la desserte aérienne de la Nouvelle-Calédonie). De la même façon, les coutumiers ont formulé le vœu que cette nouvelle flotte « nous donne le goût de partir en voyage ». Le président du Congrès, Roch Wamytan, a salué cet investissement effectué « malgré les risques encourus », et a souhaité que les Calédoniens « puissent voyager moins cher ». Pour le moment, en effet, rien ne garantit que cette étape se traduise par une baisse des tarifs.

En attendant, les passagers pourront déjà être séduits par un confort accru à bord, de nouvelles couleurs ou encore de nouveaux uniformes pour les personnels. Pour Didier Tapero, « l’ambition est vraiment de faire en sorte qu’Aircalin soit la compagnie des Calédoniens, qu’ils se l’approprient et qu’ils l’apprécient ». Kanumera effectuera son premier vol commercial, direction Tokyo, dans la nuit de vendredi à samedi.

C.M.