Centrale C, l’enquête est lancée

La SLN a fini par déposer son dossier de demande d’autorisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement. Un dossier qui cristallise les divergences d’intérêts en matière économique, environnementale et, surtout, sanitaire. L’enquête publique, qui démarre le 4 mai, prendra fin le 5 juin. Pour la première fois en Calédonie, le dossier a été mis en ligne dans son intégralité sur le site de la province. En toile de fond se dessine l’avancement d’une loi sur la qualité de l’air.

 

C’est sur une béquille en plastique que repose la vieille dame de Doniambo. La centrale au fuel construite au début des années soixante-dix, a largement fait son temps. De mois en mois, le président de la province Sud doit renouveler les dérogations autorisant le fonctionnement de la centrale électrique du Nickel. Les arrêtés d’exploitation imposaient sa fermeture depuis plusieurs années. Pour des raisons économiques, l’exploitation de la SLN et les besoins énergétiques de la population, cette fermeture a dû être repoussée.

Mais au-delà des impératifs économiques, le dossier suscite de nombreuses réactions, à commencer par celle de l’association EPLP (*) qui manifeste ces derniers jours pour empêcher la réalisation de ce projet, mettant notamment en avant que la construction de cette centrale à charbon ferait des Calédoniens les champions du monde de production de CO2 (l’association annonce une augmentation de 34 % d’émission de CO2 en plus en reprenant les chiffres de la SLN). L’association insiste également sur l’importance de développer les énergies renouvelables, au même titre que le WWF qui, à plusieurs occasions ces dernières semaines, s’est prononcé contre un projet de centrale thermique basé sur les énergies fossiles.

Plus de CO2,moins de NOx et de SOx

Pour se faire une idée bien précise de ce projet, la province Sud a décidé de mettre en ligne l’intégralité du dossier porté par le Nickel. L’intégralité de la documentation qui représente des centaines et des centaines de pages est consultable sur le site de la province Sud, à l’onglet consultations publiques. Grande première également, les observations pourront être déposées directement sur Internet. Les permanences tenues par le commissaire-enquêteur seront toutefois maintenues. Elles auront lieu à la mairie de Nouméa les 4, 6, 11, 13, 18, 20, 22, 26 et 28 mai ainsi que le premier et 5 juin (le commissaire-enquêteur peut être contacté au 75 00 35).

La littérature présentée par l’industriel présente le projet et l’ensemble des études d’impact et des risques sanitaires. On peut y voir notamment une profusion de graphiques et de chiffres montrant les améliorations significatives en matière d’émissions des gaz impactant la santé des Nouméens, tels que le NOx et le SOx. Ce sera également le cas des poussières, même si celles produites par la centrale ne représentent qu’une petite part des poussières émises sur l’ensemble du site de Doniambo.

Une question éminemment politique

Une annexe revient également sur le choix du combustible. Un choix qui avait été à l’origine de polémiques. Pour rappel, en 2010, la SLN annonçait envisager une centrale à gaz en remplacement de la centrale B. Une annonce validée par le conseil d’administration de la SLN en 2011. Fin 2012, la SLN changeait son fusil d’épaule en revenant sur ces annonces. Le gaz serait finalement remplacé par du charbon, moins cher, mais plus polluant.

Les réactions ne s’étaient pas faites attendre. Calédonie Ensemble, par la voix de Philippe Gomès, avait promis de ne pas soutenir la défiscalisation du projet. En cas de victoire aux élections municipales et provinciales, Philippe Gomès assurait même qu’il n’y aurait pas de permis de construire ni d’exploiter. Les autres partis politiques n’étaient pas non plus en reste. Le MPC proposait, par exemple, un référendum sur la question. En 2013, des experts mandatés par le ministère de l’Ecologie avaient finalement fait le déplacement à Nouméa. Leurs conclusions étaient allées dans le sens de la SLN, étouffant du même coup les polémiques sans les éteindre pour autant.

Le rapport du cabinet d’études Jacobs qui justifie le choix du charbon est d’ailleurs relativement peu convaincant, notamment en raison du peu d’arguments permettant de disqualifier le charbon. Sur le tableau synthétique, les experts indiquent simplement que l’approvisionnement n’est pas fiable et sécurisé, sans plus de précisions. Si le dossier technique de la SLN devrait parvenir à franchir le cap de l’enquête publique, il devrait rencontrer nettement plus de difficultés sur le plan politique.

(*) EPLP a lancé une pétition contre le projet de centrale C. Vous pouvez consulter cette pétition sur le site : http ://secure.avaaz.org/fr/petition/Monsieur_le_President_de_la_Republique_Francaise_NON_A_LA_CENTRALE_A_CHARBON_SLN/edit/

M.D