Centrale au gaz : « un projet incohérent » pour les Républicains calédoniens

Alors que le Congrès se prononce ce jeudi sur le projet de loi du pays pour le financement de la transition énergétique de la Nouvelle- Calédonie, le groupe Les Républicains calédoniens s’abstiendra. Selon lui, ce projet de centrale au gaz est « incohérent » et la taxe pour la financer est « prématurée ».

La centrale au fuel lourd de Doniambo doit être remplacée pour assurer la compétitivité de l’usine de la SLN et réduire les émissions polluantes. Le projet de loi du pays relatif à son financement, revenu du Conseil d’État sans observation, doit être débattu ce jeudi et voté par les élus du Congrès. Il vise notamment à réformer la taxe sur le diesel qui permettra de financer l’Agence calédonienne de l’énergie. Celle-ci représentera le plus gros des apports en fonds propres, six milliards sur les onze prévus, dans le financement de la future centrale au gaz de la SLN. Pour Les Républicains calédoniens, il est hors de question de voter en faveur de ce projet. « Ce projet de centrale est incohérent avec le schéma pour la transition énergétique, incohérent avec les objectifs de compétitivité de la SLN, son montage juridique est irrégulier et la mise en place de cette taxe est prématurée », résume le groupe de Sonia Backes.

Les incohérences mises en avant

Pour Marc Zeisel, en charge du projet politique au sein des Républicains calédoniens, « le schéma de transition énergétique voté par le Congrès en 2016 stipule dans ses objectifs chiffrés en matière de production électrique que 100 % de la distribution publique devra être assurée par des énergies renouvelables en 2030. Le projet de centrale proposé aujourd’hui est en contradiction puisqu’il comprend la mise en production d’une unité de production électrique carbonée de 40 MW (part destinée à la distribution publique dans le projet de centrale au gaz, 20 % de 200 MW) à l’horizon 2023 pour une durée de vie d’au moins 20 ans ».

Incohérence supplémentaire, celle concernant les objectifs de compétitivité de la SLN. Pour le parti de Sonia Backes, « le remplacement de la centrale au fioul est également économique. Mais pour assurer la compétitivité de l’usine de Doniambo, l’objectif pour la SLN est d’obtenir 8 à 9 francs par KWh. Mais sachant que le prix de revente à la SLN envisagé à ce stade est de 11 à 12 francs par KWh, comment peut-on garantir une compétitivité de l’usine et sa pérennité dans le temps ? » Le parti ajoutant que « d’autant que les études à ce stade n’ont pas fait l’objet d’une mise en concurrence. Alors, comment peut-on être certain que les solutions techniques proposées soient bien les meilleures, techniquement et économiquement ? »

Autres sources de désapprobation

Pour les Républicains calédoniens, le montage juridique de cette opération est entaché d’irrégularités. « Le montage envisagé a fait l’objet d’un avertissement sur sa légalité de la part de l’État à cause des 51 % détenus par l’Agence calédonienne de l’énergie dans la société Nouvelle-Calédonie Énergie (voir encadré), ceci ayant conduit au retrait de la délibération sur l’octroi de la subvention de 646 millions de francs du gouvernement. » Par ailleurs, le groupe a d’ores et déjà alerté le président de l’Assemblée nationale sur l’incompatibilité entre la présidence de la société NCE et un mandat de député.

Enfin, les Républicains calédoniens avancent que le plan de financement de l’opération dans son ensemble n’est pas bouclé puisque le montant finalisé des investissements n’est pas encore connu et que les partenaires du tour de table ne sont pas identifiés. Enercal a indiqué qu’il souhaite une dilution importante de sa participation dans NCE, actuellement de 39 %. Les Républicains calédoniens avançant que : « Le seul besoin à court terme précis, ce sont les 600 millions qui doivent être fournis par l’Agence calédonienne de l’énergie pendant la période pré- FID 2018-2019. Pourquoi imposer une nouvelle taxe pérenne aussi lourde à l’économie calédonienne, alors que le besoin réel à long terme n’est pas connu à ce stade ? Les porteurs du projet doivent revenir devant le Congrès quand leur projet sera finalisé et que l’éventuel besoin de financements publics sera établi précisément. » Les représentants du parti concluant par : « Est-ce vraiment au contribuable calédonien de payer pour une usine électrique qui, en toute rigueur, ne devrait produire que pour la SLN alors que la situation financière d’Eramet s’est considérablement redressée et que, dans le même temps, l’état des finances publiques s’est extrêmement dégradé et que de nombreux secteurs prioritaires ont des besoins criants de financements publics. »


Le financement

C’est l’Agence calédonienne de l’énergie qui doit porter financièrement la centrale « pays » au gaz, au nom de la Nouvelle- Calédonie. Elle devrait prendre, à terme, 51 % de Nouvelle-Calédonie Énergie (NCE), aujourd’hui filiale d’Enercal, qui gère ce projet à 72 milliards. Pour financer les 6 milliards d’apport, de nouvelles ressources fiscales, issues d’une ponction de 3,50 francs supplémentaires sur le litre de gazole, doivent lui être affectées.

C.S