Cantines : une organisation et des questions

Les cantines de l’agglomération resteront closes jusqu’aux vacances scolaires. Tandis que les mairies et les parents s’organisent pour nourrir les enfants, les autorités et Newrest ont lancé le nettoyage et les analyses des cuisines de la société et vont mandater des experts. La justice s’est aussi saisie de la question suite à des plaintes pour blessures involontaires. À ce jour de nombreuses interrogations demeurent…

Le gouvernement, la province Sud et les quatre communes de l’agglomération ont confirmé, dans un communiqué conjoint mardi, que les cantines resteraient fermées jusqu’aux petites vacances scolaires, le vendredi 12 octobre. Ce n’est pas une surprise, si l’on considère l’ampleur du problème : 200 enfants concernés par des intoxications depuis le mois de juin au cours de 12 épisodes, dont les deux derniers survenus à Dumbéa et Païta la semaine dernière. Seul le Mont-Dore a été épargné.

La presse locale et nationale, désormais, se sont fait l’écho de cette situation, aussi inédite qu’inquiétante, qui semble échapper à l’ensemble des acteurs. Les autorités ont finalement décidé de prendre des mesures et d’organiser leur communication. La société Newrest subit nettoyage et investigations. Elle attend, la semaine prochaine, son directeur général qui était déjà sur le territoire il y a quelques semaines.

Plan d’action

Concrètement, les cuisines centrales de Newrest ont été désinfectées le week-end dernier. Des prélèvements ont été réalisés pour s’assurer que les locaux sont indemnes de tous germes avec des résultats qui étaient attendus mercredi et dont nous n’avons pas encore connaissance. Les véhicules servant au transport ont également été désinfectés et l’ensemble du matériel de cuisine et de livraison des repas est en cours de traitement jusqu’à la fin de cette semaine. Les autorités font savoir que des investigations « plus poussées » vont être réalisées sur tous les produits de vaisselle et d’entretien.

Le gouvernement met par ailleurs en place un « plan de maîtrise sanitaire » qui doit permettre de cerner et traiter tous les risques liés à cette activité et devrait être opérationnel à la rentrée de fin octobre. Pour compléter les investigations sanitaires, Newrest et le gouvernement, chacun de son côté, vont mandater des experts pour réaliser un diagnostic.

En matière d’organisation, et pour permettre « d’exécuter dans de bonnes conditions ce plan d’action », les parents ont plusieurs choix. À Nouméa, Dumbéa et au Mont-Dore, ils ont été invités, dans la mesure de leur disponibilité, à venir reprendre leurs enfants pendant la pause déjeuner. Si cela ne leur est pas possible, les autorités ont finalement concédé à ce qu’ils apportent un repas à leurs enfants qui restent sous la surveillance du personnel des cantines. Les enfants qui resteraient sans déjeuner se voient donner une collation froide. La commune de Païta a assuré le service avec des repas froids.

Questions

En parallèle, les associations ne chôment pas dans leur combat pour comprendre cette situation sanitaire et obtenir des réponses concrètes. Dans une lettre conjointe, l’association Une cantine responsable pour nos enfants, EPLP, la Fédération des associations des parents d’élèves des enseignements privés et publics en Nouvelle-Calédonie (FAPEPPNC), l’Union des groupements de parents d’élèves (UGPE) et la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) se sont adressés directement au président du gouvernement, au titre de ses responsabilités en matière de sécurité alimentaire.

Ils font savoir qu’ils attendent davantage d’explications sur les raisons qui ont rendu les enfants malades. Ils posent ainsi un ensemble de questions techniques auxquelles, estiment-ils, les services « doivent être en mesure de répondre ». Dans cette optique, ils s’interrogent sur le choix par Newrest de proposer les services d’un expert indépendant, en l’occurrence venant d’une société européenne spécialisée (Eurofins biosciences) qui, disent-ils, a « très probablement des relations commerciales avec la société Newrest en Métropole ». Selon eux, il serait « préférable » de solliciter les services de l’État et de demander la venue d’un expert de la Direction générale de l’alimentation. « Cette option garantirait une parfaite impartialité et éviterait tout risque de conflit d’intérêts ». Dans le cas contraire, ils souhaiteraient savoir « qui prendra en charge la rémunération de l’expert désigné par Newrest ».

Par ailleurs, après que Newrest a elle- même évoqué « une situation excessivement dégradée » à son arrivée, les associations veulent connaître précisément l’état de la maintenance des locaux « lors du rachat » et « à l’heure actuelle ». Selon leurs informations, si l’état de la maintenance était non conforme, la désinfection actuelle pourrait en effet « ne pas produire tous ses effets ».

Ils demandent aussi à savoir si le plan de maîtrise sanitaire, présenté par la société à la Direction des affaires sanitaires au moment de la demande d’agrément, était conforme dans son intégralité aux attentes réglementaires ; si le plan a fait l’objet de modification en cas de changement du nombre de repas, de circuits etc. ; si la fréquence des autocontrôles était respectée et quels ont été leurs résultats.

Autre question qui ne manque pas d’importance : « Quel est aujourd’hui le statut de l’agrément de la société Newrest ? » Selon les associations, l’agrément serait provisoire depuis onze mois. En Métropole, ce délai ne peut dépasser plus de trois mois, mais la réglementation calédonienne ne fixe pas de délai, une « carence étonnante »…

Rappelons que des plaintes contre X pour blessures involontaires ont été déposées dont une par l’association Une cantine responsable pour nos enfants. Elles ont été regroupées par la justice qui s’est saisie du dossier. Gageons que cette histoire est loin d’être finie. Et de fait, rien ne garantit que les cantines rouvriront après les vacances…


Dispositions

DUMBÉA

La mairie a fait savoir qu’elle avait procédé à des prélèvements dans les cantines où des cas d’intoxication ont été signalés (Victorien-Bardou, Louise- Degreslan, Alphonse-Dillenseger). Les prélèvements sont réalisés par la société Agrocontrôle. Par mesure de précaution, elle a également engagé la désinfection totale de toutes les cantines dumbéennes.

Concernant le remboursement : selon le règlement, le mois est dû dès qu’un repas dans le mois a été pris. Cependant, la Caisse des écoles réfléchit à une solution qui devra être tranchée par son conseil d’administration. Les remboursements nécessiteront par ailleurs un certain délai. Ils seront assurés par le trésorier- payeur après clôture de la régie et enregistrement de l’ensemble des demandes. Vous trouverez le formulaire de remboursement sur le site internet de la mairie.

À noter qu’un groupe de travail pour anticiper et prévoir des solutions alternatives « au cas où les mesures de désinfection des locaux ne suffiraient pas » est en train de se constituer à Dumbéa à l’initiative de l’association Une cantine responsable pour nos enfants. Un projet qui pourrait se reproduire dans les autres communes.

NOUMÉA

La mairie indique que tous les repas non servis en septembre et en octobre seront remboursés aux parents.

MONT-DORE

Concernant les journées du 4 au 12 octobre, la Caisse des écoles sollicite les familles qui le peuvent à venir récupérer leurs enfants dès 11 h 30 ou bien de venir déposer un repas froid à l’heure de la cantine. Par ailleurs, la Caisse des écoles du Mont-Dore informe les parents que le service de cantine pour le mois d’octobre ne sera pas facturé. Seules les journées du 29 et du 30 octobre seront comptées « sous couvert d’un retour à la normale du service de cantine ».

PAÏTA

Pas de coupure dans la commune, des repas froids ont été servis chaque jour et ce service est assuré jusqu’à vendredi. La mairie communiquera ce vendredi pour la semaine suivante.

Le problème des remboursements

À cause de très nombreux impayés, la Caisse des écoles de certaines communes pourrait avoir du mal à rembourser les parents dans un délai proche, mais aussi d’assurer les salaires des employés et des petits prestataires…

C.M. ©AFP Photos