Calédonie ensemble contre les croisières aux Chesterfield

Le parti politique Calédonie ensemble a publié un communiqué prenant fermement position contre les croisières aux Chesterfield prévues au mois d’avril par la compagnie de croisière de luxe du Ponant. Une position étonnante qui tranche avec celle du président du gouvernement qui soutenait activement ce projet.

Les personnes ayant une bonne connaissance du dossier apprécieront l’ironie. Depuis quelques mois maintenant, le président du gouvernement, Philippe Germain, porte à bout de bras ce projet de valorisation du parc de la mer de Corail qu’il a largement contribué à mettre en place. Pour lui, ce type de croisière de luxe était une des voies de valorisation du patrimoine naturel calédonien qui abrite les derniers joyaux de la biodiversité encore préservés. Rapidement, les voix de certaines organisations de protection de l’environnement s’étaient fait entendre. Le rapport d’un chercheur de l’IRD dont nous avons fait état en 2018 se montrait également très critique.

Au travers de conférences de presse et avec le soutien d’ONG et plus précisément de Pew Nouvelle-Calédonie et du WWF, le gouvernement tentait de faire accepter l’idée d’une croisière. Au mois de décembre, à l’occasion de la venue de Nicolas Dubreuil, le directeur des expéditions et du développement durable de la compagnie du Ponant, les représentants des deux ONG avaient pu souligner tout le bien qu’ils pensaient de cette croisière avec toutes les garanties de préservation de l’environnement.

Greenwashing et opportunisme politique

Le communiqué diffusé mercredi 6 février par Calédonie ensemble est donc pour le moins étonnant. Dans ce document, Philippe Dunoyer indique que Calédonie ensemble « considère que les demandes d’autorisation d’accès aux réserves naturelles du parc de la mer de Corail déposées auprès du gouvernement pour des paquebots de croisière doivent être refusées et notamment la demande déposée par la compagnie du Ponant pour une croisière prévue aux Chester eld au mois d’avril prochain ». Ce refus surprend à plusieurs titres, tout d’abord parce que certains acteurs estimaient que des documents avaient été tout spécialement adaptés à la venue du Ponant par les services du gouvernement.

Mais il questionne surtout parce qu’il donne un avis définitif avant même que le comité scienti que, installé en décembre, ne se soit exprimé sur le sujet. Et c’est précisément le rôle de ce comité que de se prononcer sur ce type de projet. Au passage, Philippe Dunoyer en pro te pour rappeler les engagements de Calédonie ensemble sur les questions environnementales. Il liste ainsi, par exemple, la loi sur la qualité de l’air qui, après avoir été adoptée il y a presque deux ans, n’a toujours pas d’arrêté d’application, l’inscription au patrimoine mondial qui, loin d’être le travail d’un seul parti politique, est le résultat d’engagement de défenseurs de l’environnement ou encore le gel des gisements de Prony-Pernod alors que Philippe Gomès vient d’appeler à une très forte croissance des exportations de minerai.

Cette prise de position fait écho à la présentation récente de la liste à dominante environnementale de Martine Cornaille aux prochaines élections provinciales. Une manière de rappeler aux électeurs que le parti est également présent sur le terrain environnemental et de ne pas se laisser déborder par les concurrents. Il illustre aussi le poids que pourrait avoir la question environnementale à l’occasion du scrutin du mois de juin. Le greenwashing a encore de beaux jours devant lui.

M.D