Budget : les Républicains calédoniens répondent

De nos jours, comme on le sait, l’économie est étroitement liée à la politique. Et quand on maîtrise ce secteur, on doit théoriquement être apte à tenir la barre du navire sans regarder dans le rétroviseur pour tenter de se justifier. Pourtant, Calédonie ensemble s’en est pris à Sonia Backes, lui reprochant un bilan désastreux lorsqu’elle était chargée des finances et du budget au gouvernement, de 2011 à 2014. Place aujourd’hui à la réponse de l’incriminée.

Faisant suite à l’examen du rapport de la Chambre territoriale des comptes, Calédonie ensemble s’en était donc pris, il y a quinze jours dans un communiqué, au gouvernement Martin-Backes affirmant que ce dernier avait durablement fragilisé le budget de la Nouvelle-Calédonie. Durant cette période, la Chambre territoriale des comptes avait relevé une envolée de 20 % (8 milliards de francs) sur les dépenses de fonctionnement, un assèchement de l’épargne brute et un recours massif à l’emprunt (+10 milliards). « Alors qu’en 2012, la capacité de désendettement de la Nouvelle- Calédonie était de 2,2 ans, le gouvernement Martin-Backes l’a porté à … 30,9 années en 2014 (…) », poursuivait Calédonie ensemble.
Si les Républicains calédoniens ont immédiatement répondu en soulignant que la gestion de Calédonie ensemble durant ces quatre dernières années avait conduit à un « naufrage », aujourd’hui, se référant au rapport de la CTC, ils vont plus loin.

Les précisions en chiffres

Sonia Backes, la présidente du parti, tient donc à remettre les pendules à l’heure afin que la population soit sensibilisée devant les agissements et les dires de Calédonie ensemble. Selon elle, « la période 2012 à 2014 (Martin-Ligeard) a démontré que la pression scale sur les Calédoniens était plus faible : l’impôt rentrait bien puisque l’économie se portait encore bien, les cours du nickel étaient encore hauts. La Calédonie n’était que peu endettée et pouvait se permettre de soutenir une politique de grands travaux : routes, Médipôle, hôpital du Nord, hôtels, usines, etc. ». Elle précise également que « le taux d’endettement était au maximum de 50 %, alors qu’il est aujourd’hui de 89 %. Durant cette période, la masse salariale des fonctionnaires de la Nouvelle- Calédonie représentait 35 % du budget. Ce chiffre est passé à près de 40% en 2017!»

En comparaison, les cadres des Républicains calédoniens expliquent, toujours en s’appuyant des chiffres de la Chambre territoriale des comptes, que durant la période suivante, 2014 à 2016 (Ligeard, puis Germain), « les cours du nickel ont dégringolé et la majorité CE/Palika a tenté d’encadrer, diriger et contraindre l’économie jusqu’à l’asphyxier ».

Malgré la mise en place de nouveaux impôts ou la hausse d’impôts existants, « la politique économique nationaliste de Calédonie ensemble a conduit à un effondrement des recettes de fonctionnement : -9,9 %, rien qu’entre 2016 et 2017. Le vrai chiffre étant -58,2 %, si l’on retire les recettes exceptionnelles, c’est-à-dire les ponctions dans les établissements publics comme l’OPT ou le port autonome et la vente de terrains appartenant à la Nouvelle-Calédonie ».
À cela, les Républicains calédoniens ajoutent que les prix n’ont cessé d’augmenter, plus de 3 000 emplois ont été supprimés sur les deux années passées et l’indicateur du climat des affaires n’a jamais été aussi bas.

Comment Calédonie ensemble s’en sort-il ?

Pour le parti de Sonia Backes, c’est soit la méthode Coué « J’affirme, donc j’y crois et vous devez y croire. », soit la méthode Calédonie ensemble « On prend un bout de phrase que l’on sort de son contexte et que l’on rhabille pour lui faire dire ce que l’on veut. » Selon la formule de Philippe Blaise, au Congrès, « c’est du truquage de chiffres, du maquillage de la réalité, de la désinformation » qui visent à « prendre les Calédoniens pour des nuls ».

Et pourtant…

Alors qui dit vrai et qui désinforme ? Le président de la Chambre territoriale des comptes, Jean- Yves Mainguet, a dû s’exprimer sur les ondes de nos confrères de RRB pour tenter de clari er son rapport. Sur la période Martin-Backes, il a déclaré : « Le niveau des dépenses s’est logiquement adapté au niveau des recettes… C’est ce que l’on voit dans tout système budgétaire partout dans le monde, en général. » En revanche, sur la période Germain et Calédonie ensemble, il a : « À partir de 2014, il y a eu un retournement de conjoncture, les recettes ont baissé et à partir de 2015 2016, il a fallu s’adapter à cette baisse… Or, je ne suis pas là pour dire que les uns ont bien fait, les autres ont mal fait (…) Mais je constate (…) que l’on est maintenant en zone d’alerte, en ce sens que la dette a tout de même beaucoup augmenté et représente aujourd’hui 73 % de la richesse du territoire. » C’est la première fois qu’un président de la CTC est obligé, selon les Républicains calédoniens, « d’intervenir sur les ondes pour… éviter une récupération politique fallacieuse de ses propos ».

Alors,qui a le mieux géré compte tenu de la situation ? Nul besoin de regarder les indicateurs pour le savoir. En tout cas, il semble plus que mensonger de prétendre que notre économie se porte mieux aujourd’hui, comme le prétend Phlippe Germain (voir ci-dessous) et Calédonie ensemble. Il suffit de regarder ses comptes, de voir les entrepreneurs qui tentent de survivre, de se voir taxer de plus en plus, de parler chômage et de voir notre pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil…

C.S