À l’épreuve de la réforme du collège

L’ensemble des chefs d’établissement des secteurs publics et privés ainsi que les inspecteurs académiques du territoire ont participé lundi à une première journée de formation sur la réforme du collège. Une quasi-révolution qui entrera en vigueur à la rentrée 2018 et qu’il faut évidemment préparer…

Face au vice-recteur, Jean-Charles Ringard Flament, et Hélène Iékawé, membre du gouvernement en charge de l’enseignement, ce sont des personnels de direction et d’inspection très attentifs et concernés qui ont pris place, lundi, dans l’auditorium de la province Sud, à l’occasion du lancement de la préparation de la réforme du collège. Il faut dire que tous connaissent l’ampleur du défi qui les attend et savent aussi quel rôle essentiel ils auront à jouer dans sa mise en œuvre. « Les chefs d’établissement, en particulier, sont les pédagogues de leur établissement, ceux qui vont créer l’impulsion et avoir un impact direct sur la manière dont cette réforme va se mettre en place », selon les mots du vice-recteur.

À peine la rentrée 2017 finalisée, les voilà donc plongés dans cette réforme d’inspiration nationale et contextualisée à la Nouvelle- Calédonie qui, pour faire simple, présente quatre changements fondamentaux : une modification des programmes « de toutes les disciplines pour toutes les classes », un changement des structures horaires des disciplines, l’instauration du nouveau diplôme national du brevet (DNB) et, enfin, la mise en place d’une marge de manœuvre importante sur le « contenu horaires » qui seront à l’initiative des établissements. Cette réforme « destinée à tous », doit laisser à chaque équipe éducative le soin d’élaborer un chemin nécessaire eu égard au public accueilli pour parvenir à la « démocratisation de la réussite scolaire ».

Horaires et contenus

Au niveau des programmes, la réforme prévoit, on le rappelle, l’introduction dans les enseignements obligatoires de la culture kanak, des langues vivantes 2 (espagnol, japonais, chinois, italien, allemand, mais aussi les quatre langues kanak ajië, paicî, nengone, drehu…) en classe de 5e. Il y aura, par ailleurs, un renforcement des horaires de français et de mathématiques par rapport à la métropole, tout au long du collège. En plus des enseignements obligatoires, des enseignements complémentaires sont mis en place. Ils comprennent, en premier lieu, les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) s’appuyant sur « les grands enjeux de la société actuelle et sur les objectifs du projet éducatif calédonien ». Sur les neuf thématiques proposées dans ce cadre, trois seront obligatoires pour les collégiens à partir de la 5e : L’enseignement des fondamentaux de la culture kanak, le parcours civique avec les spécificités locales, ainsi que la découverte du monde professionnel et économique. Se rajouteront, au choix, l’enseignement des langues et cultures étrangères, les autres langues kanak, les langues et cultures de l’Antiquité, la culture et les créations artistiques, la transition écologique et le développement durable, les sciences, technologie et société ou encore le corps, la santé, le bien-être et la sécurité.

Si la 5e était jusqu’ici jugée comme étant à la fois plus « tranquille » et source de décrochage, elle est placée ici comme « le début de quelque chose, d’une ouverture ». Les chefs d’établissement auront, par ailleurs, la possibilité d’élaborer, selon les besoins, un accompagnement personnalisé des enfants dès la 6e, destiné à « soutenir leur capacité d’apprendre et de progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie ». Au total 20 % des heures de cours seront ainsi réservées aux enseignements interdisciplinaires, complémentaires et personnalisés, à raison de deux ou trois heures par semaine. Aux établissements de voir ce qu’ils peuvent proposer et introduire, par exemple, le travail en groupes, à effectifs réduits ou encore les interventions conjointes de plusieurs enseignants dans une même classe.

Évaluations

En plus de ces changements radiaux, le système prévoit, dès cette année, l’évaluation systématique du niveau de tous les élèves des 6e en français, mathématiques et sciences au retour des vacances du mois d’avril via un test informatisé. Dans quatre ans, ces mêmes élèves seront réévalués en 3e, ce qui permettra à la fois de mesurer l’impact des nouvelles mesures, de « renseigner le premier degré » et d’offrir une comparaison inédite avec la métropole. Le nouveau brevet national des collèges changera, lui, d’allure à compter de décembre 2018. Il sera composé d’une épreuve d’EPI ou de parcours éducatif, d’une épreuve écrite et d’une épreuve orale choisies parmi plusieurs disciplines.

Calendrier

Six journées de formation obligatoires seront proposées pour les personnels, les enseignants, CPE et documentalistes, en plus des ateliers de production d’outils professionnels par bassin. Les chefs d’établissement ont environ trois mois pour inciter leurs équipes à réfléchir sur l’organisation de l’année scolaire 2018, les conditions d’organisation pédagogiques des collèges étant arrêtées dès le mois d’août. Si des craintes se font évidemment ressentir en matière d’organisation, les expérimentations menées cette année au collège Mariotti ou de Koutio ont été assez positives.

 

C.M.


Contexte

Entrée en vigueur en 2016 en métropole, la réforme du collège va intervenir deux ans plus tard en Nouvelle-Calédonie. Cette application de la réforme nationale n’était pas automatique, mais les programmes, les diplômes, la formation et le contrôle pédagogique des enseignants du secondaire restant de la compétence de l’État, une extension était nécessaire afin d’être en conformité avec l’évaluation des élèves et en particulier le diplôme du brevet. La réforme a été adaptée au projet éducatif calédonien et entérinée par les élus le 29 décembre 2016. Localement, l’adaptation du projet a fait l’objet d’une concertation et d’une validation par les syndicats avant son adoption.