2017, année électorale, année capitale

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’année a démarré sur les chapeaux de roues avec l’imbroglio des investitures Les Républicains pour les élections législatives du 11 et 18 juin prochain. Le ton est donné, d’une année pas comme les autres et qui sera marquée au plan politique par trois élections, dont la dernière (la désignation de deux sénateurs de Nouvelle-Calédonie), se déroulera tout juste un an avant le référendum de sortie de l’Accord de Nouméa qui doit permettre aux Calédoniens de dire s’ils veulent ou non rester dans la France.

Il a souvent été argué qu’en Nouvelle-Calédonie, tout est politique, plus que jamais cette argumentation semble s’avérer exacte. Il faut dire que depuis trente ans, d’accord en accord, de négociations en confrontations, l’horizon des Calédoniens est perpétuellement occupé par une échéance majeure. En attendant 2018, 2017 constitue toutefois une conjonction qui s’annonce pour le moins spectaculaire. Les élections présidentielles vont constituer une sorte de galop d’essai et la campagne électorale, si elle s’annonce plutôt classique, donnera le la.

Peu de surprises avec d’un côté, les partisans et supporters du candidat issu de la primaire de la droite et du centre, François Fillon, et de l’autre, les soutiens du candidat de la primaire de la gauche. Il semble que tous ceux qui se réclament ici des Républicains soutiennent l’ancien Premier ministre, même si, ce soutien semble plus ou moins appuyé en fonction de l’attribution ou non des investitures pour les législatives. Calédonie ensemble n’avait pas fait de François Fillon son premier choix, ni d’ailleurs son deuxième ou troisième. Il suffit, pour s’en convaincre, de se souvenir des propos désobligeants et plein de défiance de Philippe Gomès lorsqu’il s’était pris de passion pour la candidature d’un Alain Juppé alors favori des sondages, va s’engager en faveur du Sarthois d’origine. Car visiblement les temps changent et sous la houlette du député sortant de la deuxième circonscription, à qui le précieux sésame d’une investiture improbable a été promis, il y a fort à parier qu’il y ait de la surenchère et que les gomésiens soient désormais plus fillonistes que les fillonistes.

Ce qui ne manquera pas de faire tiquer, y compris dans les rangs pourtant d’habitude si policés du Rassemblement de Pierre Frogier. À gauche, cette campagne présidentielle devrait se dérouler en mode doux, presque à bicyclette. Les progressistes, anciens socialistes mais désormais non-indépendantistes, se rangeront sous les couleurs du candidat qui sortira le 29 février de la primaire, le Palika, aussi, mais pour d’autres motivations.
Quant au reste des indépendantistes, ils ont annoncé la couleur : pas d’engagement de cette campagne pas plus que dans celle des législatives. L’objectif est ailleurs, il s’appelle Kanaky.

Des conséquences durables et imprévisibles

Toutefois, la grande affaire de 2017 au plan politique, celle qui aura des conséquences durables sur les équilibres ou les déséquilibres locaux, ce sont bien les élections législatives pour la bonne raison que les deux députés qui siègeront à l’Assemblée nationale auront un rôle majeur à jouer auprès du nouveau président de la République et de sa majorité dans la perspective de la sortie de l’Accord de Nouméa.

L’année démarre à peine et déjà les déchirures et les fractures apparaissent alors que tombent les premières investitures.
Faute d’avoir été capables, en temps et heure, de trouver la méthode qui aurait permis de sauvegarder l’unité, les Républicains de Nouvelle-Calédonie partiront en ordre dispersé alors qu’il eut été plus sage de s’entendre au préalable, comme l’avait proposé un certain nombre de responsables. Seulement la voix de la sagesse est rarement celle suivie. D’autres mouvements politiques seront aussi sur le terrain à l’occasion de cette campagne, à commencer par le Front national qui tentera de se refaire une santé, peut-être poussé par les résultats de Marine Le Pen à la présidentielle.

Et si, pour l’heure la Nouvelle-Calédonie n’est pas touchée par la « Macronmania », il n’est pas interdit de penser que si la vague actuelle porte loin l’ancien ministre de l’Économie, le mouvement En marche ne trouve localement quelques soutiens.

Enfin, puisqu’il l’a annoncé, le Palika poussera lui aussi un candidat dans chacune des deux circonscriptions, reste à savoir si les électeurs indépendantistes et notamment ceux de l’Union calédonienne et du Parti travailliste feront le déplacement les 11 et 18 juin. Restera alors, pour clore l’année électorale, les sénatoriales de septembre pour connaître les successeurs de Pierre Frogier et Hilarion Vendegou.

Un scrutin qui, s’il ne concerne pas directement le corps électoral classique, n’est pas dénué de conséquences. Un scrutin qui fait la part belle aux négociations d’appareil, voire aux calculs d’apothicaires et dont le verdict dépendra essentiellement de l’importance et de l’irréversibilité des cassures que produiront les deux scrutins précédents.

2017 sera donc une année passionnante pour les observateurs de la vie publique, pas certain, en revanche, qu’elle le soit autant pour les électeurs.

C.V.